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Les étudiants peinent à trouver un premier emploi

Passer du banc des universités au monde du travail est très difficile pour les étudiants. Keystone Archive

Alors que la récession s´installe en Suisse, les universitaires fraîchement diplômés peinent eux aussi à trouver un emploi.

Plus de 10% d´entre eux, qu´ils soient économistes ou ethnologues, risquent d´être prochainement au chômage.

L´Office fédéral de la statistique (OFS) n´a pas encore de données, mais la situation actuelle peut aisément être comparée à celle d´il y a dix ans.

En 1993, alors que la Suisse traversait une grave crise, 9,8% des diplômés universitaires ne trouvaient pas de job en sortant de l´alma mater.

Ce niveau était déjà bien élevé, mais il devrait l´être encore cette année, avance Markus Diem, expert dans le conseil à la formation à l´Université de Bâle, qui suit le marché du travail des jeunes licenciés depuis plus de dix ans.

Selon les dernières données du Secrétariat d´Etat à l´économie (seco) portant sur le chômage en août, quelque 4000 personnes étaient inscrites ce mois-là dans la rubrique «écoliers et étudiants».

Le chef de la direction du travail au seco, Jean-Luc Nordmann, s’attend à une progression de ce chiffre pour le mois de septembre. Et les perspectives pour la fin de l’année sont tout aussi sombres.

Plus de garanties

Le temps où une formation universitaire – particulièrement des filières comme l´économie ou le droit – assurait à coup sûr un premier emploi bien payé sont définitivement révolus. Mis à part les médecins, tous les diplômés subissent le contrecoup de la crise, disent les experts.

«Psychologues et sociologues ne sont plus les seuls à s´annoncer à l´office du travail», observe Mathis Spreiter, du Service cantonal des arts et métiers (Kiga) à Bâle.

«Même les économistes ont de la peine à trouver», abonde Marianne Corti, en charge de l´unité emploi à l´association des étudiants de l´Université de Berne.

Même la Haute école de St-Gall, réputée par la qualité de ses économistes, subit la tendance. Economistes et juristes frais émoulus doivent souvent de se contenter de la «deuxième meilleure solution», relève Eva Nietlispach Jaeger, porte-parole de l´établissement.

A côté des grandes multinationales, les petites et moyennes entreprises (PME) recrutent dans des proportions toujours plus importantes.

Eva Nietlispach Jaeger estime néanmoins «positif» que les jeunes diplômés – les top-managers de demain – entrent dans la vie active dans des positions plus modestes. «Ils ont ainsi moins de pression en terme d´attentes».

Moins bien payés

Le chômage ne constitue pas véritablement un problème pour les juristes, souligne Markus Diem. «Mais étant donné que les places deviennent rares dans l´économie privée, ils doivent se tourner vers des postes moins bien rémunérés de stagiaires».

Licence en poche, les étudiants issus des facultés des lettres et des sciences sociales qui ne veulent pas se lancer dans l´enseignement sont les plus mal lotis. Même en situation de haute conjoncture, les ex-étudiants en langues, histoire ou philosophie sont les moins bien positionnés pour décrocher un premier job.

Actuellement, la situation se corse encore en raison des plans d´économie que l´Etat met en œuvre. Environ la moitié des étudiants qui sortent de l’université trouvent normalement un poste dans l´administration ou en rapport avec des projets mandatés par l´Etat.

Le social et la culture trinquent

«Lorsque l´on coupe dans les subventions, on tranche d´abord dans le social et la culture», avance Markus Diem. Les projets qui fournissent des emplois aux universitaires ne sont alors plus prolongés, ni même mis en oeuvre.

Dans un tel environnement, on ne s’étonne pas de voir s’allonger la période durant laquelle ces jeunes diplômés cherchent leur premier emploi.

Ils mettent actuellement de cinq à six mois avant de décrocher une place, alors que ce délai était d´à peine trois mois avant la crise.

De manière générale, les entreprises, quel que soit leur domaine d´activité, cherchent désormais des candidats avec des profils de plus en plus spécifiques et disposant d´une expérience.

swissinfo et les agences

-Corollaire de la récession, les jeunes diplômés peinent à trouver un premier emploi, comme ce fut le cas au début des années 90.

-La pénurie touche tous les secteurs, y compris le droit et l’économie. A St-Gall, les étudiants doivent par exemple se contenter de leur deuxième choix.

-Aux côtés des multinationales, on trouve une quantité croissante de PME parmi les recruteurs.

-En plus de la récession, le plan d’austérité mis en œuvre par l’administration fédérale contribue à accentuer les difficultés des jeunes licenciés.

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