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Les pauvres vivent moins longtemps

Caritas demande une flexibilisation de la retraite adaptée aux personnes les plus pauvres. swissinfo.ch

L'espérance de vie augmente en Suisse, mais les chances d'atteindre le grand âge restent inégales selon les catégories sociales.

Se basant sur une nouvelle étude, Caritas exige une flexibilisation de la retraite qui tienne compte de ce déséquilibre.

Intitulée «Les pauvres vivent moins longtemps», cette étude réalisée par Caritas démontre que les inégalités sociales peuvent avoir des conséquences graves sur la maladie, l’invalidité et la mortalité.

Non seulement les «working poors» ont des conditions de travail difficiles, mais leur santé est fortement mise en péril, a expliqué mercredi le directeur de Caritas Jürg Krummenacher devant la presse à Berne.

Les personnes appartenant aux couches sociales inférieures ont un bas salaire, un travail répétitif ou physiquement éprouvant et des possibilités limitées d’organiser leur activité, a-t-il indiqué. En conséquence, un ouvrier non qualifié meurt en moyenne quatre à cinq ans plus tôt qu’un universitaire.

Sur ce point, la nouvelle étude confirme les résultats de plusieurs autres enquêtes réalisées en Suisse et en Europe ces dernières années.

Pour des retraites flexibles

«Il faut prendre en compte cette inégalité face à la mort dès aujourd’hui et agir aussi bien sur le plan de la recherche que celui de la politique sociale», affirme Carlo Knöpfel, l’un des auteurs de l’enquête.

Selon lui, le débat sur le passage de la vie active à la retraite devrait être au centre de la prochaine révision de l’AVS et la prévoyance vieillesse doit abandonner l’idée d’un âge fixe pour la retraite.

«Nous approuvons les solutions apportées dans la 11e révision, mais la flexibilisation doit aussi être adaptée aux personnes les plus pauvres», affirme Carlo Knöpfel.

Toujours selon l’auteur de l’étude, les économies d’au moins 400 millions de francs réalisées avec la hausse de l’âge de la retraite des femmes devraient être utilisées à cet effet.

Des inégalités à corriger

Les travailleurs les plus pauvres profitent en général moins longtemps de leur retraite, alors qu’ils cotisent souvent plus tôt que les personnes au statut social supérieur.

Caritas plaide donc pour que l’AVS et le deuxième pilier reconnaissent la corrélation entre couches sociales et espérance de vie.

L’organisation caritative propose de développer des solutions par branches d’activité, sur le modèle de ce que les milieux de la construction viennent de faire avec l’accord pour une retraite à 60 ans.

Pour le 2e pilier, Caritas souhaiterait un taux de conversion différencié. En effet, le taux actuel est basé sur un âge que les assurés aux bas revenus n’atteignent souvent pas, souligne Carlo Knöpfel.

«Tous les travailleurs, y compris ceux qui ont une plus petite espérance de vie, doivent pouvoir partir à la retraite dignement», conclut le chercheur.

swissinfo avec les agences

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