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Un parc pour sauver la région du Doubs

Le Doubs, aux Graviers, dans le canton de Neuchâtel. Jean-Paul Luthi

Le Parc naturel régional du Doubs devrait voir le jour en 2003. Retardé par les réticences des milieux agricoles, le projet est relancé.

Il s’agit d’un parc naturel fondé sur le concept de développement durable. Il n’est pas assimilable à une réserve. Autrement dit, l’objectif n’est pas d’imposer de nouvelles contraintes environnementales – comme le redoutent les agriculteurs – mais de promouvoir le développement social et économique de toute une région.

Concrètement, les promoteurs prévoient des sentiers didactiques, l’amélioration des infrastructures pour la pratique du kayak et du canoë. Mais aussi des projets dans le domaine de la protection de l’environnement, comme la sauvegarde d’espèces en voie de disparition. Et, dans le secteur de l’agriculture, le développement des produits du terroir notamment.

Une zone désertée par ses habitants

Une chance pour cette région sauvage et délaissée. A la frontière française, la vallée du Doubs est une zone périphérique pour la Suisse. Elle est désertée par ses habitants. Le Clos du Doubs, par exemple, a perdu un tiers de sa population en trente ans.

«Aujourd’hui, il faut absolument trouver de nouveaux créneaux de développement économique, ajoute Gisèle Ory, directrice du projet. Le Parc naturel peut offrir des solutions. C’est un projet novateur. Il ne s’est jamais créé de structures de ce type en Suisse.»

Contrairement à la France, l’Allemagne ou l’Autriche, la Suisse n’a pas de stratégie pour l’instauration d’espaces naturels de grande dimension. La Confédération doit encore légiférer sur la question. Mais elle a tout de même accordé, à titre expérimental, un soutien financier au projet de la vallée du Doubs.

Réticences des agriculteurs

«Nous faisons un travail de pionnier, poursuit Gisèle Ory. Un travail difficile.» Première difficulté rencontrée: la réticence des agriculteurs du Clos du Doubs. Intégrés au projet dès le début, les milieux agricoles craignaient de se voir imposer de nouvelles contraintes en matière de protection de la nature. Il faut dire que le WWF est l’initiateur du projet.

Mais l’organisation de défense de l’environnement s’est retirée, précise Gisèle Ory, également secrétaire du WWF Jura-Neuchâtel. La responsable assure que désormais le projet est relancé et que les milieux agricoles ont obtenu l’assurance d’une prise en compte de leurs exigences.

De plus, la représentante du WWF sera, elle aussi, remplacée. En mars, l’assemblée générale de l’association du Parc naturel régional nommera un successeur à Gisèle Ory. Le comité proposera le ministre jurassien de l’environnement, Pierre Kohler. Ce dernier aura pour mission d’achever dans les deux ans la rédaction d’une charte.

Un projet transfrontalier

Le parc devrait voir le jour à fin 2003. Pour l’instant, il regroupe 25 communes jurassiennes, quatre communes neuchâteloises, situées à la frontière franco-suisse, et une commune bernoise. Quant à l’idée de créer un parc transfrontalier franco-suisse, elle n’est pas abandonnée.

«Des contacts ont déjà été pris avec la France voisine. Plusieurs communes sont intéressées, précise Gisèle Ory. Mais, dans un premier temps, il s’agit de consolider le projet suisse. Et ensuite seulement de l’étendre aux deux rives du Doubs. Si possible.»

Alexandra Richard

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