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Une décision réaliste mais peu courageuse

La presse n'est guère enthousiaste face aux propositions gouvernementales.

Les options pour garantir l'approvisionnement énergétique du pays sont plus pragmatiques que visionnaires, estime la presse suisse au lendemain de la présentation de la stratégie gouvernementale.

Le débat devra nécessairement se concentrer tôt ou tard sur les économies d’énergie et le développement des énergies renouvelables.

Pour assurer l’avenir énergétique de la Suisse, le gouvernement a présenté mercredi une stratégie reposant sur quatre piliers: les centrales électriques, le renforcement de l’efficacité énergétique, la promotion des énergies renouvelables et la collaboration internationale.

En clair, pour pallier la pénurie d’électricité annoncée, il estime nécessaire d’en passer par des centrales à gaz émettrices de CO2 et par de nouvelles infrastructures nucléaires, dont la construction est actuellement soumise à un moratoire.

«Tout sauf innovant!», écrit la «Basler Zeitung», qui évoque au passage le rapport de l’ONU sur le réchauffement climatique d’il y a deux semaines. On ne règlera pas le problème sans une utilisation efficiente de l’énergie et le recours à des mesures incitatives (fiscales).

Reste qu’au vu des réactions à l’égard du plan gouvernemental, le journal bâlois constate que «dans le débat énergétique, les mêmes tranchées idéologiques sont de nouveau à l’œuvre.»

La seule carte possible

«Décevant, de la part d’un gouvernement qui s’est placé sous le drapeau de la société à 2000 Watts», estime le «Tages Anzeiger».

Pour le quotidien zurichois, à travers sa décision sur le nucléaire, le gouvernement penche davantage en faveur des producteurs d’électricité que de son office de l’énergie, qui privilégie les mesures d’efficience énergétique.

Le quotidien «Le Temps» estime que le Conseil fédéral a joué sa seule carte possible. En autorisant la montée en puissance du gaz et en laissant la porte ouverte au nucléaire, «il prolonge une forme de compromis politique (…). Ce n’est pas très courageux, mais sans doute est-ce là la seule voie politique praticable dans un pays où l’autarcie électrique est élevée au rang de dogme absolu».

Réflexion repoussée

«La Tribune de Genève» en tire une leçon. «Les options [du gouvernement] rappellent que la Suisse a omis de réfléchir pendant presque deux décennies sous l’influence du moratoire sur les centrales nucléaires. Jamais elle n’a envisagé de réelles alternatives.»

Pour le journal genevois, la Suisse doit maintenant réagir dans «l’urgence relative avec des centrales à gaz. Ironie du sort, ce recours obligé à l’énergie thermique intervient à l’heure où le souci du climat a pris nettement le dessus dans l’opinion sur la crainte du cataclysme atomique».

A Zurich, «la Neue Zürcher Zeitung» replace l’église au milieu du village. «La Confédération est-elle effectivement l’acteur central sur la question de l’alimentation en courant de la Suisse?»

Selon le quotidien, «on ne peut que répéter que le gouvernement n’a pas la compétence de décider la construction d’une centrale [nucléaire]». Il ne peut pas non plus décider de tirer ou non un trait sur le nucléaire. «La loi sur l’énergie nucléaire veille à ce que cette option reste ouverte.»

Manque de lumière

Sur le fond, le débat énergétique est de piètre qualité, estime généralement la presse helvétique.

«Tout se passe comme si nous devions nous préparer de toute urgence à un plan Wahlen électrique ou à choisir entre gaz et nucléaire. Le débat manque décidément encore d’un peu de lumière», note par exemple «Le Temps».

Quant à l’avenir, «l’essentiel de l’enjeu se jouera dans notre capacité à accélérer et à amplifier l’arrivée des nouvelles énergies renouvelables (éolien, solaire, biomasse, etc.)», estime le journal édité à Genève.

Mais au Tessin, le «Corriere del Ticino» n’est guère optimiste. Paraphrasant le ministre de l’énergie Moritz Leuenberger, il rappelle que dans le débat énergétique, les partis sont d’accord sur une seule chose: la pénurie guette.

swissinfo, Pierre-François Besson

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