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Harcèlement sexuel: l’enquête visant Depardieu classée sans suite

Après l'islamologue Tariq Ramadan, le ministre Gérald Darmanin, le comédien Philippe Caubère, ou le producteur Luc Besson, Gérard Depardieu avait été à son tour pris dans la vague d'accusations de femmes affirmant avoir été victimes de viols ou d'agressions sexuelles. Keystone/EPA/MIKHAIL KLIMENTYEV / POOL sda-ats

(Keystone-ATS) Après neuf mois d’investigations, le parquet de Paris a classé sans suite mardi l’enquête pour viols et autres agressions sexuelles visant le comédien Gérard Depardieu. Elle avait été déclenchée après la plainte d’une comédienne d’une vingtaine d’années.

Monstre sacré du cinéma français, l’acteur de 70 ans, qui contestait “absolument” ces accusations, est l’une des nombreuses stars à avoir été mises en cause à la suite de la vague #MeToo. “Les nombreuses investigations réalisées dans le cadre de cette procédure n’ont pas permis de caractériser les infractions dénoncées dans tous leurs éléments constitutifs”, a appris l’AFP auprès du parquet.

L’avocat de l’acteur français a réagi à ce classement sans suite en évoquant “une forme de soulagement”, après des accusations “vécues très douloureusement” par son client. Me Hervé Témime a estimé que la décision du parquet était “totalement justifiée” et ajouté qu’il ne souhaitait pas la commenter davantage.

Une plainte avait été déposée fin août 2018 à la gendarmerie de Lambesc (sud) par une jeune actrice. Cette dernière affirme que les faits qu’elle dénonce se sont déroulés au domicile parisien de la star, un hôtel particulier du VIe arrondissement, les 7 et 13 août 2018. Le parquet d’Aix-en-Provence (sud) avait immédiatement ouvert une enquête préliminaire avant de s’en dessaisir au profit du parquet de Paris.

Au-delà du seul cinéma

Gérard Depardieu, l’un des acteurs français les plus connus à l’international, avait été entendu en audition libre fin novembre par la police. Ces derniers mois, plusieurs autres personnalités du monde du spectacle et du cinéma ont déjà vu les enquêtes les visant, à la suite d’accusations similaires, être classées sans suite.

Ce fut notamment le cas fin février pour l’influent producteur et réalisateur de 60 ans Luc Besson, qui avait fait l’objet d’une plainte de Sand Van Roy, une comédienne et mannequin belgo-néerlandaise née en 1990. A l’époque, le parquet de Paris avait justifié de la même façon le classement sans suite de l’enquête. Il avait toutefois indiqué avoir ouvert une autre enquête contre le cinéaste, après qu’une femme l’eut accusé sur Mediapart de gestes déplacés en 2002.

Egalement pris dans la tourmente, le comédien et metteur en scène Philippe Caubère a aussi vu classée sans suite l’enquête le visant. Solveig Halloin, une ex-militante Femen, accusait cet artiste, ex-pilier du légendaire Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine, de l’avoir violée en mars 2010, quelque temps après leur rencontre dans un théâtre toulousain.

Nées dans le sillage de la chute du producteur américain Harvey Weinstein en octobre 2017, ces affaires, portées sur les réseaux sociaux par le mouvement #Metoo et, en France, #Balancetonporc, se sont étendues bien au-delà du monde du cinéma. Dès le mois d’octobre 2017, l’islamologue suisse Tariq Ramadan avait été accusé en France de viols. Inculpé et incarcéré neuf mois durant, il avait obtenu d’être remis en liberté sous contrôle judiciaire mi-novembre. Les investigations se poursuivent dans ce dossier.

Le monde politique n’a pas non plus été épargné en France. Le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, a notamment été accusé d’agressions sexuelles, qu’il a catégoriquement démenties. Il a bénéficié d’un non-lieu et d’un classement sans suite dans deux affaires distinctes.

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