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Une alliance de gauche lance une initiative contre les F-35

Une piñata en forme de F-35, remplie de billets, a été détruite pour symboliser le "gaspillage d'argent" que constitue l'achat d'avions américains. KEYSTONE/PETER SCHNEIDER sda-ats

(Keystone-ATS) Trop cher, trop dangereux et inadapté aux besoins de la Suisse: l’avion de combat américain choisi par le Conseil fédéral ne convient pas à une alliance de gauche. Conformément à sa promesse, elle a lancé mardi l’initiative « Stop F-35 ».

Le jet de Lockheed Martin n’est pas le bon à plusieurs égards, selon une coalition constituée du Groupe pour une Suisse sans armée (GSsA), du PS, des Verts et des Jeunes Verts. « C’est un jouet hors de prix pour quelques officiers qui ne résout aucun problème réel », a critiqué Pauline Schneider, secrétaire du GSsA.

Les frais d’exploitation seront élevés même si le prix d’achat est relativement bas. L’exemple de pays comme le Canada montre que l’on peut s’attendre à des coûts d’exploitation allant jusqu’à 25 milliards de francs suisses pour un achat de 5 milliards, a estimé Fabien Fivaz (Verts/NE). « Les surprises ne sont pas terminées. » Pour Pierre-Alain Fridez (PS/JU), c’est un « gouffre financier ».

De tels coûts mettraient d’autres secteurs de l’armée sous pression pour faire des économies, voire d’autres départements en cas d’augmentation du budget de l’armée. De l’argent qui fera défaut, par exemple, pour lutter contre le réchauffement climatique, avancent les initiants. Après leur conférence de presse, ils ont symbolisé ce « gaspillage massif d’argent » en détruisant une piñata en forme de F-35 d’où s’échappent des milliers de faux billets.

Déficiences « innombrables »

En plus d’être cher, le F-35 serait dangereux. « L’avion collectionne les défauts et les problèmes techniques, des enquêtes parlementaires américaines en témoignent », a souligné M. Fridez. Les déficiences sont innombrables et certaines mettraient la vie des pilotes en danger.

L’engin serait aussi inadapté aux besoins de la Suisse, étant un bombardier d’attaque furtif capable d’opérer au coeur d’un territoire ennemi. « Nous avons besoin d’un avion qui remplit pour l’essentiel des tâches de police et de protection de l’espace aérien », a souligné le conseiller national jurassien.

La coalition dénonce encore un processus d’acquisition opaque. « Le Conseil fédéral ne veut pas nous dire comment il a choisi cet avion », a soulevé M. Fivaz. La dépendance à l’égard des Etats-Unis est aussi pointée du doigt. Les services de renseignements américains seraient à tout moment dans le cockpit. « Cet empiètement sur notre souveraineté est inacceptable », fustige M. Fridez.

De plus, Lockheed Martin « produit des armes nucléaires et d’autres armes prohibées », a relevé Mme Schneider. La Confédération paierait ainsi cinq milliards de francs à une entreprise qui produit des armes interdites en Suisse.

Meilleur rapport qualité-prix

L’acquisition de nouveaux avions de combat d’ici 2030 pour un montant maximal de six milliards de francs a été acceptée de justesse en votation populaire en septembre 2020, avec 50,1% de oui. Parmi quatre appareils en lice, le Conseil fédéral a proposé fin juin l’achat de 36 F-35A. Après des évaluations, ce jet présentait le meilleur rapport qualité-prix, selon le gouvernement.

Ce dernier avait encore argué que cet avion assure tout particulièrement bien la cybersécurité. Le jet permettrait à la Suisse de déterminer elle-même les données qu’elle veut échanger avec d’autres forces aériennes ou les données logistiques qu’elle veut renvoyer au constructeur.

Le remplacement des avions est « éminemment important pour protéger notre espace aérien et les habitants de notre pays », juge Alliance Sécurité Suisse dans un communiqué. L’initiative ne viserait qu’à passer outre une décision populaire.

Des accusations réfutées par les initiants. Ce n’est pas la décision populaire, mais le choix de l’appareil qui est remis en cause, ont avancé plusieurs d’entre eux. Si l’initiative aboutit, le peuple ne devrait toutefois pas pouvoir s’exprimer sur le sujet avant novembre 2022, estime la coalition.

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