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Une coalition réclame une législation plus sévère sur les armes

Limiter l'accès aux armes à feu permet de sauver des vies (archives). KEYSTONE/AP/SETH WENIG sda-ats

(Keystone-ATS) La Suisse doit s’associer au durcissement européen de la législation sur les armes. Une coalition s’est formée en vue du prochain débat au Parlement. Elle entend, entre autres, compléter un texte, déjà menacé de référendum par les milieux du tir.

Le parti socialiste, la Fédération suisse des fonctionnaires de police (FSFP) et la faîtière des médecins psychiatres-psychothérapeutes (FMPP) ont joint leurs voix jeudi à Berne. D’autres organisations religieuses, sociales et médicales s’associent à la démarche.

Directive européenne

Le Conseil fédéral vient de remettre aux Chambres fédérales son projet de reprise allégée d’une directive de l’Union européenne (UE) sur les armes. Alors que le spectre d’un référendum a été brandi dès le départ en Suisse, Berne a obtenu plusieurs concessions.

Les chasseurs ne seront pas concernés. Pour les armes de service, pas de changement non plus: elles pourront continuer à être conservées à la maison après le service militaire et servir au tir sportif. Les tireurs ne devront pas se soumettre à des tests médicaux ou psychologiques. Un registre central des armes ne devra pas être créé.

Projet à améliorer

Pour la “plateforme pour une législation d’avenir sur les armes”, ce projet va dans le bon sens. Des propositions seront toutefois faites au Parlement pour le renforcer.

Il s’agira, par exemple, de ne plus permettre le prêt d’armes à des mineurs pour des tirs ou d’introduire un âge minimum pour la remise d’une arme, a expliqué, au nom du PS, le conseiller national jurassien Pierre-Alain Fridez.

Des conditions claires devraient être posées pour pouvoir conserver son fusil d’assaut militaire: minimum d’années de service, tirs obligatoires effectués, pas de problèmes psychologiques, achat de l’arme. Durant le service, la conservation de l’arme à domicile devrait être davantage sécurisée avec une claire séparation de la culasse et des munitions.

Les tireurs sportifs devraient par ailleurs être soumis à un contrôle régulier et pas uniquement prouver tous les 5 à 10 ans qu’ils pratiquent régulièrement le tir sportif.

Information

Pour les policiers, l’information est l’alpha et l’oméga, selon le secrétaire général de la FSFP Max Hofmann. Il est très important de savoir si quelqu’un possède des armes avant d’intervenir. A défaut d’un registre central, il est nécessaire d’éliminer toutes les lacunes dans l’enregistrement et de disposer d’une meilleure mise en réseau au niveau européen.

La plateforme entend avant tout restreindre l’accès aux armes à feu pour empêcher au maximum les drames. Ces armes jouent actuellement un grand rôle dans la violence domestique. Les principales victimes sont des femmes, a déploré Dorothea Forster, présidente des Femmes protestantes de Suisse.

Plus des trois quarts des suicides sont en outre liés aux armes à feu. Certes, une partie de gens qui souhaitent mettre fin à leur jour se tournent à défaut vers d’autres moyens, mais il ne s’agit que d’une minorité, selon Thomas Reisch de la FMPP.

Armes semi-automatiques

Les derniers tours de vis ont porté leurs fruits. Il y avait encore plus de 460 morts par arme à feu en 1998. Vingt ans plus tard, 200 victimes par an. Cela reste toutefois trop.

La création d’une norme uniformément élevée en Europe permet de lutter contre le terrorisme et la criminalité. Les armes semi-automatiques, qui ont joué un rôle central dans les drames survenus en Europe et aux États-Unis, ne doivent plus tomber dans n’importe quelles mains.

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