
Un ancien PDG d’Elf met en cause des avocats suisses

Loïk Le Floch-Prigent évoque dans un livre les étranges montages financiers réalisés par des avocats genevois, lausannois et zurichois.
Dans «Affaire Elf, Affaire d’Etat», l’ancien patron de la compagnie pétrolière règle ses comptes avec la justice française. PDG d’Elf de 1989 à 1993, il estime être bouc émissaire: il a fait six mois de prison et un tribunal l’a condamné cette année à 3 ans et demi de détention.
Loïk Le Floch-Prigent tente de démontrer que les magistrats n’ont pas fait leur travail convenablement. Ils n’auraient pas mené leurs investigations dans deux discrètes banques, la Fiba à Paris et Rivunion à Genève.
Reconverti comme consultant international
Or ces deux établissements avaient mis sur pied une quarantaine de sociétés off-shore, qui traitaient «des dossiers allant de 50 millions de dollars à 300 millions de dollars», raconte l’ancien patron d’Elf, mais aussi de la SNCF et de Gaz de France.
«Les avocats qui s’occupaient des montages financiers juridiques étaient en Suisse. Il y avait également les fiduciaires, très liées aux avocats. Ces gens-là étaient très bien payés», raconte Loïk Le Floch-Prigent, qui s’est reconverti comme consultant international.
Les avocats étaient domiciliés à Genève, à Lausanne et à Zurich. Ces derniers possédaient également des bureaux à Vaduz et à Munich. L’ancien PDG d’Elf affirme qu’il n’a jamais possédé de comptes en Suisse, à la différence de ses anciens collaborateurs, Alfred Sirven et André Tarallo, détenteurs d’un permis C de résidents permanents.
«Durant mon mandat chez Elf, je ne me suis rendu qu’à deux reprises en Suisse, la première fois à Berne, pour tenter de racheter Tamoil. La fois suivante, je suis passé par l’aéroport de Cointrin, pour rejoindre Megève où résidait le ministre de la Défense d’Arabie Saoudite», explique encore Loïk Le Floch-Prigent, qui occupe de modestes locaux dans le XVIIe arrondissement à Paris.
Toujours la même ligne de défense
L’ancien PDG d’Elf s’appuie toujours sur la même ligne de défense: contrairement aux autres, il n’a jamais pioché dans les caisses de la compagnie pétrolière. «Les juges ne voulaient pas me croire. Pendant six ans, ils ont cherché mes comptes en Suisse. En vain», sourit-il.
Entre 1989 et 1993, les détournements au détriment du pétrolier français s’élèveraient à près d’un milliard de francs suisses, dont plus de la moitié sont passés par la Suisse.
Ian Hamel
«Affaire Elf, affaire d’Etat», par Loïk Le Floch-Prigent et Eric Decouty, Le cherche midi éditeur, 243 pages.

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