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Le photographe et cameraman suisse Rob Gnant est mort à 86 ans

Observation critique de la société et défense des milieux défavorisés: le photojournaliste suisse Rob Gnant était en phase avec l'idéal humaniste des années 1950 (archives). KEYSTONE/EDDY RISCH sda-ats

(Keystone-ATS) L’un des plus grands photoreporters suisses de l’après-guerre n’est plus. Rob Gnant est décédé le 4 août dernier à Zurich, quatre jours avant son 87e anniversaire.

Le photographe, cameraman et réalisateur a passé ses dernières années dans une maison de retraite de la ville alémanique, détaille sa famille ainsi que le Filmkollektiv Zürich dans une annonce mortuaire publiée mercredi dans le Tages-Anzeiger.

Celui que les experts avaient surnommé le “Van Gogh de la photographie” laisse derrière lui une œuvre comptant plus de 200’000 négatifs. Avec ces clichés, Rob Gnant voulait lier le social à l’esthétique, peut-on lire sur le site internet de la ville de Zurich. Ses images, souvent en noir et blanc, mettent en lumière les différents mondes professionnels, les marginaux mais aussi la vie à la campagne.

En 2004, le centre d’art PasquArt à Bienne, qui présentait l’histoire du photojournalisme suisse, affirmait que son oeuvre ainsi que celle du Vaudois Yvan Dalain documentent “les états contradictoires de la société des années 50: ouverture au monde et attachement aux traditions, ivresse du progrès et moeurs arriérés, dolce vita et misère des travailleurs”. Yvan Dalain s’est éteint en 2007.

Distance respectueuse

“Avec moi, les gens ont toujours su quand je les photographiais”, disait Rob Gnant au Tages-Anzeiger en 2015. “Je n’étais pas un sniper.” L’une des marques de fabrique de l’artiste, qui a également photographié des vedettes comme les Rolling Stones et la diva de l’opéra Maria Callas, était la distance respectueuse qu’il observait avec les personnes photographiées. Les sujets étaient en outre rarement pris seuls mais plutôt avec leur environnement, en contexte.

Le lauréat du Prix du film de la ville de Zurich en 1989 grandit à Lucerne, où il commence par un apprentissage en photographie. Dans les années 1950, il travaille d’abord comme photographe de presse dans la tradition du photojournalisme réaliste, critique de la société, notamment pour le magazine illustré Die Woche, le magazine culturel Du et le supplément du week-end de la NZZ. Son premier voyage de presse le mène à la mine de charbon de Borinage, en Belgique, en 1952.

Palme d’or à Cannes

Dans les années 1960, il abandonne le photoreportage et se tourne vers le cinéma et la télévision. Son aventure de cameraman débute avec le réalisateur Alexander J. Seiler pour le documentaire de 12 minutes “A fleur d’eau” (“In wechselndem Gefälle”). Un travail qui lui vaut la Palme d’or dans la catégorie court métrage au Festival de Cannes en 1963. Les deux hommes fondent plus tard la firme Seiler+Gnant spécialisée dans la production de documentaires. En près de 40 ans de carrière, Rob Gnant travaille sur plus de 30 documentaires et longs métrages.

Dans les années 1970, en plus de ses reportages, Rob Gnant travaille dans la publicité pour de grandes entreprises telles que Telecom (aujourd’hui Swisscom), Radio Suisse (aujourd’hui Skyguide), Mövenpick ou encore Phonak.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

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