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Le plénum du PCC devrait renforcer le pouvoir de Xi Jinping

En ombre chinoise, un homme passe devant le secrétaire général du PCC Xi Jinping, également président de la République. KEYSTONE/AP/ANDY WONG sda-ats

(Keystone-ATS) Les caciques du Parti communiste chinois (PCC), première formation politique du monde avec 88 millions de membres, se rassemblent à partir de lundi pour leur réunion annuelle. Elle devrait renforcer encore le pouvoir du numéro un Xi Jinping.

Près de 400 membres du comité central, sorte de Parlement au sein du parti unique, sont réunis à huis clos en “plénum” dans un hôtel ultra-sécurisé de Pékin, où ils doivent débattre durant quatre jours de la gestion du pays le plus peuplé de la planète.

L’an passé, c’est à l’issue du plénum qu’avait été annoncée la fin de la politique de l’enfant unique et l’autorisation pour tous les couples d’avoir deux enfants.

Le plénum 2016 se focalisera selon l’agence officielle Chine nouvelle sur la “discipline au sein du Parti”, c’est-à-dire la lutte contre la corruption. Mais une féroce bataille pourrait se jouer en coulisses pour le contrôle de la deuxième économie mondiale.

Campagne anticorruption

Depuis son arrivée aux affaires, fin 2012, le secrétaire général du PCC Xi Jinping, également président de la République, étend son emprise sur le Parti, maîtrisant désormais davantage de leviers de pouvoir que tout autre dirigeant depuis Mao Tsé-toung, fondateur de la République populaire en 1949.

Sa campagne anticorruption a dynamité d’anciens bastions réputés inviolables, comme celui du redouté Zhou Yongkang, ex-chef des services de sécurité, et tétanise les cadres des échelons inférieurs. Depuis 2013, plus d’un million de membres du Parti ont été sanctionnés pour corruption, a indiqué ce week-end la commission centrale de discpline du PCC.

Manoeuvres en coulisses

Les tentatives de réforme des entreprises d’Etat, qui contrôlent des pans entiers de l’économie mais sont peu rentables, rencontrent cependant une farouche résistance de la part de dirigeants soucieux d’y préserver leurs intérêts.

“Ces réformes n’ont véritablement donné aucun résultat ces trois dernières années”, note Anthony Saich, expert en politique chinoise à l’Université Harvard. “A l’évidence, Xi perçoit le Parti comme l’unique vecteur pouvant faire progresser les réformes. Il ne fait confiance ni à la société ni à l’Etat.”

Lors du plénum, “il y aura des manoeuvres entre ceux qui jouissent du soutien de Xi et ceux qui se sentent menacés par la campagne anticorruption et l’éventualité de nouvelles réformes dans le secteur public”, anticipe M. Saich.

Pouvoir unique

Xi Jinping “est très ambitieux dans sa prise en mains du pouvoir”, note Willy Lam, de l’Université chinoise de Hong Kong. Plusieurs mesures ont déjà été instaurées pour s’assurer que les cadres du PCC suivent la ligne, notamment l’interdiction de formuler des “critiques infondées”, souligne-t-il. “Une seule personne au sein du Parti, à savoir Xi Jinping, a le droit de définir quelles sont les règles politiques.”

Le plénum est l’occasion pour Xi de “renforcer sa position de chef et la base de son pouvoir”, note Mao Shoulong, de l’Université du Peuple à Pékin.

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