Adolescent grièvement blessé par balles à Grenoble
Un adolescent de 12 ans a été grièvement blessé de plusieurs balles sur un point de deal de drogue à Grenoble, dans la nuit de samedi à dimanche, a-t-on appris de source policière. Ses agresseurs ont pris la fuite.
(Keystone-ATS) Si le scénario d’une fusillade liée au narcotrafic était confirmé, cet adolescent figurerait parmi les plus jeunes ainsi visés ces dernières années. Son pronostic vital était toujours engagé en milieu d’après-midi, selon le parquet.
Le quartier Chorier-Berriat, où le drame est survenu dans l’ouest de la capitale iséroise, avait été le théâtre de plusieurs fusillades en 2024, mais, depuis janvier, préfecture et parquet mettaient en avant une amélioration dans la lutte contre le narcobanditisme.
Vers 03h00 du matin, des riverains ont alerté la police pour des tirs suivis du vrombissement d’un véhicule en fuite, a indiqué à l’AFP une source policière. «J’ai juste entendu cinq coups» de feu, a témoigné pour l’AFP Mila Poignard, une étudiante du quartier. «Et quelqu’un criait ‘Non, arrêtez, arrêtez !’, et après plus rien», se souvient-elle.
Atteint par une balle dans le dos et deux dans les jambes, la jeune victime dans le coma devait être opérée dans l’après-midi, a précisé à la presse le procureur adjoint de Grenoble François Touret de Coucy. Dans un premier temps, il avait été indiqué qu’il avait été blessé d’au moins quatre balles. Neuf étuis de balles de 9 mm ont été retrouvés sur place.
Plusieurs identités
Les empreintes de l’ado, qui «serait un mineur non accompagné d’origine nord africaine», «ressortent sous plusieurs identités, dont une pour laquelle il est convoqué devant le juge des enfants le 10 décembre pour détention et offre ou cession de stupéfiants», mais il n’était auparavant «pas connu de la justice», détaille le magistrat.
Il avait récemment multiplié les fugues d’un établissement du Département de l’Isère où il était hébergé, poursuit M. Touret de Coucy. Selon une source proche du dossier, il serait d’origine algérienne. Une enquête pour «tentative de meurtre» a été confiée à la police judiciaire et les auteurs des tirs ne sont pas encore identifiés.
«De pire en pire»
A Chorier-Berriat, les friches et anciens bâtiments d’usine témoins du passé industriel du quartier ont été reconvertis en immeubles modernes, avec des bars prisés de la jeunesse et des restaurants. «On est venus ici il y a dix ans, ce n’était pas du tout comme ça. Maintenant, c’est de pire en pire, (…) franchement, ce n’est pas très rassurant», reprend Mila, l’étudiante.
Une source policière a indiqué que la fusillade s’est déroulée «sur un point de deal», mais des habitants ont assuré à l’AFP qu’il n’y en avait pas à cet endroit proche d’une allée piétonne menant à une école. A proximité cependant, d’autres zones sont réputées abriter des points de vente de drogue.
Les règlements de comptes par armes à feu entre groupes de trafiquants ne sont pas rares à Grenoble et certaines de ses banlieues. En 2024, la place Saint-Bruno, au coeur de Chorier-Berriat, avait été le théâtre de plusieurs fusillades, les autorités évoquant alors une «guerre des gangs».
La préfète de l’Isère Catherine Séguin s’était félicitée en septembre, aux côtés du procureur de Grenoble Etienne Manteaux, d’une baisse importante des agressions par armes à feu dans la métropole iséroise : 11 depuis début 2025, dont un assassinat, contre 34 en 2024 ayant fait sept morts.
Avec 28 points de deal recensés dans l’agglomération en septembre contre 41 en 2023, Mme Séguin vantait aussi les mérites de la «politique de harcèlement» des forces de l’ordre contre le narcotrafic.
«Petites mains»
Selon la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), en 2024 en France, 61% des condamnés pour infractions liées aux drogues étaient âgés de 15 à 25 ans et près de 10000 mineurs étaient impliqués dans des affaires de trafic de stupéfiants.
L’âge moyen des «petites mains» employées par les réseaux criminels se situe autour de 15-16 ans avec un recours accru à de très jeunes mineurs, parfois âgés de dix ans, souligne la Mildeca.
La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a assuré dimanche sur BFMTV que la «lutte contre les points de deal et le narcotrafic» était une «priorité» et que l’Etat «ne faiblira pas».