Aujourd’hui en Suisse
Chères et chers Suisses du monde,
Faut-il boycotter la Coupe du Monde de football la plus improbable de l’histoire? Elle se tiendra en hiver, dans les stades sortis du néant et climatisés d’un pays minuscule, plus réputé pour son gaz, son pétrole et sa conception musclée des droits de l’homme (ne parlons même pas des femmes) que pour sa tradition footballistique.
Et pourtant, qui ne s’est pas réjoui de la brillante qualification du onze helvétique, de ces héros de la nation qui ont même grillé la politesse aux champions d’Europe italiens? Dilemme…
Bonne réflexion et bonne lecture. On vous parle aussi de droit de vote des étrangers, d’une ex-otage au Mali et de malbouffe à la canadienne.
6500 morts sur les chantiers des stades de la Coupe du Monde 2022 au Qatar. Le chiffre vient de la presse et des ONG, mais Dominique Blanc, président de l’Association suisse de football dit avoir vu des chiffres «très différents». Et de toute façon, la Suisse ne boycottera pas l’événement.
En fait personne ne boycottera sérieusement ce rendez-vous surréaliste, en plein hiver et en plein désert. Chine et Russie récemment, ou Argentine au temps de la dictature militaire: les grandes messes du sport n’ont jamais été très regardantes sur le respect des droits humains dans les pays qui les accueillent.
L’argument est toujours le même: boycotter ne sert à rien, il faut au contraire attirer l’attention du monde sur ces pays, pour y faire bouger les choses. Et ça marche? Demandez donc aux Russes ou aux Chinois aujourd’hui, aux travailleurs asiatiques et aux sujets de l’émir du Qatar demain. Et ne venez pas gâcher la grande fête du football!
- À un an du match d’ouverture, la Coupe du Monde au Qatar suscite toujours le malaiseLien externe – le 19.30 de la RTS
- «Boycotter ne servirait à rien»Lien externe, l’avis de Dominique Blanc, président de l’Association suisse de football au 19.30 de la RTS
- Le TempsLien externe (abonnés) – La Nati ira, mais avec l’intention de faire avancer les droits humains
- Le TempsLien externe (abonnés) – L’attention légitime portée au droit des travailleurs étrangers masque les violations des droits humains dont sont victimes les Qataris eux-mêmes, notamment les femmes
La Suisse est le pays au monde où l’on vote le plus. Mais pour un quart de la population, qui n’a pas le passeport rouge à croix blanche, cela ne veut rien dire. Pour la coprésidente du mouvement citoyen Opération Libero, «le pourcentage de la population étrangère résidant en Suisse a atteint une taille qui ne peut plus être ignorée».
Les personnes qui vivent ici sans passeport suisse participent pourtant à la vie sociale et paient des impôts. Alors pourquoi n’auraient-elles pas leur mot à dire sur ce qui est fait avec cet argent? De plus, ces personnes sont directement concernées par les lois en vigueur en Suisse. Alors pourquoi une partie de la population ne pourrait-elle pas se prononcer sur les règles qu’elle doit respecter?
Et puis, la Suisse est multiculturelle par essence. En témoigne le fameux Röstigraben. «Les Suissesses et les Suisses ne sont pas tous identiques. Il y a entre eux des différences qui ne sont pas nécessairement plus petites que celles existant entre un Suisse et un étranger», plaide un partisan du droit de vote pour toutes et tous.
- L’article de mon collègue Jonas Glatthard
- Qui sont ces 25% d’étrangers en Suisse? – faits et chiffres, par Duc-Quang Nguyen – novembre 2017
- Point fort SWI – Le long chemin vers le droit de vote des femmes
Libérée après quatre ans de captivité au Mali, la travailleuse humanitaire franco-suisse Sophie Pétronin avait provoqué la colère de Paris en repartant à Bamako. Invité dimanche dans l’émission Mise au point de la RTS, son fils Sébastien Chadaud-Pétronin défend le choix de sa mère, qui serait en sécurité en vivant dans la capitale, hors des zones de conflits.
Sébastien Chadaud-Petronin, qui a accompagné sa mère lors de son voyage de retour au Mali, estime que sa démarche est tout à fait responsable. «Je n’ai pas l’impression qu’elle prend le moindre risque. Elle vit à Bamako comme 8000 Français, avec en plus tout un protocole de sécurité. Elle est discrète, elle n’embête personne, elle ne sort pas de son appartement, donc je pense qu’on peut la laisser terminer sa vie comme elle a envie de le faire» a-t-il dit.
Le Neuchâtelois répond aussi aux critiques qui accusent sa mère de manquer de respect aux efforts consentis pour sa libération: «Ma mère n’a pas été échangée contre des djihadistes et encore moins contre une rançon. Je crois que ce sont les Maliens qui étaient aux commandes de cette opération et non les Français, et je ne pense pas qu’aucun contribuable français ait payé pour sa libération».
Finalement, Sébastien Chadaud-Pétronin explique que sa mère n’était tout simplement pas heureuse chez lui en Suisse, où elle vivait depuis sa libération. «L’objectif était qu’elle puisse retrouver une vie normale. Son choix était de retourner à Bamako, pour y retrouver sa fille [adoptive]. Elle était malheureuse à Neuchâtel, elle s’y sentait comme dans une prison dorée».
- L’article de RTS InfoLien externe, avec l’interview de Mise au Point
En Amérique du Nord, il y a beaucoup de «déserts alimentaires». Les habitants doivent faire des kilomètres pour trouver autre chose à manger que de la malbouffe. Une expatriée suisse du Canada, établie à deux pas des fameuses chutes du Niagara, a décidé de s’attaquer au problème en ouvrant une épicerie sociale d’un type nouveau.
C’est une des explications de l’épidémie d’obésité qui frappe les États-Unis et le Canada. Les chaînes de supermarchés n’ont aucun intérêt à s’installer dans des zones où vivent surtout des personnes à faible revenu et limitées dans leur mobilité. Résultat: depuis son domicile à Niagara Falls, Pamela Farell n’a accès à pied qu’à un magasin de spiritueux, un de bières et trois de marijuana.
Le paradoxe, c’est que ces déserts alimentaires sont souvent au milieu de zones agricoles, où l’on produit de la nourriture. La Zurichoise a donc ouvert une «oasis», ou «centre communautaire d’éducation à l’alimentation», où l’on peut non seulement acheter des produits frais, mais aussi apprendre à les cuisiner et partager ses expériences.
Le succès de l’entreprise montre qu’elle répondait à un réel besoin. Et Pamela Farell entend bien la développer et ouvrir plus de centres dans la région. Une solution assurément meilleure et plus durable que les programmes alimentaires d’urgence.
- L’article de ma collègue Melanie Eichenberger
- Point fort SWI – Zoom sur les préoccupations des Suisses de l’étranger
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