
Aujourd’hui en Suisse
Bonjour à vous,
Lectrices et lecteurs de Suisse et d’ailleurs. On savait la Suisse très impliquée dans le négoce de certaines matières premières provenant de Russie, comme l’or ou l’acier. On constate aujourd’hui qu’elle est aussi la principale plateforme du commerce mondial de charbon russe, ce qui rend particulièrement difficile l’application des sanctions.
Dans cette sélection du jour, je vous parle également d’une petite puce suisse qui fait voler des drones russes, de personnes qui auraient plus leur place en établissement psychiatrique qu’en prison et d’une belle vitrine offerte au cinéma d’animation helvétique par le festival d’Annecy.
Excellente lecture,

En vingt ans, la Suisse est devenue la plaque tournante du charbon russe. Les trois quarts des exportations russes sont négociées dans la région de Zoug et la « Coal Valley » zougoise abrite les plus grands groupes miniers de Russie, révèle ce lundi une enquête de Public Eye.
L’ONG dénonce la grande opacité du secteur, qu’elle qualifie d’«angle mort» de la place suisse du négoce de matières premières. Selon Public Eye, même le Secrétariat d’État à l’économie (SECO), chargé de faire respecter l’embargo sur le charbon russe en vigueur depuis fin avril, ne dispose pas d’une liste exhaustive des sociétés actives dans la branche.
D’après l’enquête de l’organisation, la ville de Zoug abrite au moins 12 sociétés actives dans le charbon directement contrôlées par des Russes. Les neuf plus gros extracteurs de charbon russe se sont implantés à Zoug ou dans le Nord-Est de la Suisse depuis le début des années 2000, et seul l’un d’eux en est parti depuis, toujours selon l’ONG.
Ces sociétés, représentées en Suisse par un simple bureau voire juste une boîte aux lettres, négocient depuis le pays environ 75% du charbon russe exporté. Parmi ces firmes en mains d’oligarques russes figure la Société de l’énergie et du charbon de Sibérie (SUEK), plus gros producteur de Russie, dont la filiale de négoce est domiciliée à Zoug depuis 2004.
- La Suisse, centrale à charbon de Poutine – l’enquête de Public EyeLien externe
- Immense défi pour la Suisse dans l’interdiction du pétrole et du charbon russe – le sujetLien externe de la RTS
- Comment les sanctions russes touchent le secteur du luxe en Suisse – l’article de Paula Dupraz-Dobias sur swissinfo.ch
- De l’or russe pourrait avoir transité par Dubaï avant d’arriver en Suisse – l’article de la RTS
- Lugano, l’acier et la guerre – l’article de Federico Franchini sur swissinfo.ch
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Dans sa guerre contre l’Ukraine, la Russie utilise un drone nommé «Orlan» («aigle» en russe), équipé de grenades. Son composant central est une puce fabriquée en Suisse, à Thalwil dans le canton de Zurich, a révélé dimanche une enquête du journal alémanique Blick.
Le groupe Conflict Armament Research (CAR) étudie les armes utilisées dans les zones de guerre du monde entier, dont l’Ukraine. En examinant un Orlan-10 trouvé en 2016, CAR a découvert qu’il volait à l’aide d’un module GPS fourni par la société suisse U-Blox. C’est sûrement toujours le cas aujourd’hui, car tel qu’il a été conçu, l’engin ne peut pas voler sans cette puce, explique le groupe.
L’Orlan-10 est en grande partie constitué de pièces détachées provenant de pays occidentaux. Des composants disponibles librement dans le commerce – y compris en Suisse – et ensuite assemblés pour former un appareil de guerre.
L’entreprise suisse U-Blox condamne l’invasion russe de l’Ukraine et a expliqué à Blick que cette puce n’est pas conçue pour un usage militaire. Mais le problème, c’est que ce dispositif versatile peut être utilisé de différentes manières, et qu’il est pour ainsi dire impossible d’empêcher son usage dans un but militaire.
- Les drones de Poutine volent avec des puces suisses – l’article du BlickLien externe
- Du matériel de guerre «en partie» suisse pourra être envoyé en Ukraine – l’article du matin.chLien externe
- Livrer des armes suisses à l’Ukraine est un «suicide» selon la TV russe – l’article de watson.chLien externe
- Comment l’industrie suisse de l’armement tire profit de la guerre en Ukraine – l’article de Samuel Jaberg sur swissinfo.ch

Lorsqu’une infraction est liée à un grave trouble mental, la justice suisse peut placer son auteur-e sous «mesure thérapeutique institutionnelle», c’est-à-dire l’obliger à recevoir des soins en structure spécialisée.
Dans les faits, faute de place, la majorité de ces personnes sont envoyées en prison plutôt qu’en établissement psychiatrique. Leur nombre a bondi de 13 en 1984 à 686 en 2020. La RTS a ainsi rencontré un Genevois atteint de schizophrénie. Arrêté début 2019 après avoir tué le chat de ses parents lors d’une crise, jugé irresponsable, il a passé 3 ans en prison «avec des gens qui ont commis des meurtres, des trafics de drogue»… «Ce n’est pas adapté à ma situation», dénonce-t-il.
La privation de liberté dans le cadre de ces mesures ne peut théoriquement pas excéder cinq ans. Mais elles peuvent être reconduites si l’on estime que la personne présente un risque de récidive. Or, selon une étude réalisée en 2018, les détenu-es placé-es sous mesure ont seulement 9% de chance d’obtenir une libération conditionnelle.
Résultat: les personnes souffrant de troubles mentaux restent des années en prison sans soins adaptés et viennent alourdir le système carcéral. Cette situation a valu à la Suisse d’être épinglée par le Conseil de l’Europe.
- Le nombre de personnes placées sous le régime du «petit internement» a explosé – l’article de la RTS
- Le sujetLien externe de Mise au Point

La 46e édition du Festival international du film d’animation d’Annecy (dans le département français de Haute-Savoie, voisin de la Suisse) débute ce lundi. Et elle met la Suisse à l’honneur, à l’occasion des 100 ans du cinéma d’animation helvétique.
Le succès du long métrage Ma vie de Courgette de Claude Barras, en 2016, rappelle que beaucoup de réalisateurs et réalisatrices suisses ont vu leurs films sélectionnés, voire primés à Annecy. Le cinéma d’animation helvétique compte de nombreux grands noms, comme Gisèle et Ernest «Nag» Ansorge, Julius Pinschewer, Georges Schwizgebel et bien d’autres.
Cette année, Annecy lui offre une vitrine de choix. Plus de 100 films seront présentés dans 14 programmes spéciaux, dont des rétrospectives consacrées aux grands cinéastes, des restaurations de la Cinémathèque suisse ou encore des expositions dans les musées de la ville.
- Le programme complet sur le site du festival d’AnnecyLien externe
- Le communiquéLien externe de la Cinémathèque suisse
- Le Festival international du film d’animation d’Annecy offre une belle vitrine à la Suisse – l’articleLien externe du Temps (sur abonnement)
- La Suisse s’anime sur les écrans depuis un siècle – l’articleLien externe de la Tribune de Genève (sur abonnement)

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