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Près de la moitié de la population suisse serait prête à s’engager en politique, selon une étude

Un scrutateur pointe- son doigt en direction de l'urne dans un local de vote de la Ville de Berne, le 24 novembre 2024.
Un scrutateur pointe- son doigt en direction de l'urne dans un local de vote de la Ville de Berne, le 24 novembre 2024. Keystone / Alessandro Della Valle

En Suisse, plus de quatre personnes sur dix seraient prêtes à briguer une fonction politique, du moins en théorie, montre une étude de l'Université de Bâle. La disponibilité citoyenne varie en fonction du sexe, de la région linguistique et de l'échelon politique.

Un total de 44% de la population suisse a déjà envisagé, vaguement ou sérieusement, la possibilité d’exercer une fonction politique et 42% des personnes interrogées pourraient l’imaginer si on le leur proposait, selon une étude menée par la Faculté d’économie de l’Université de Bâle, fondée sur le grand sondage national «Comment ça va, la Suisse?Lien externe» de la SSR.

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Ces résultats indiquent un niveau relativement élevé d’engagement politique latent en Suisse, notent les auteurs de cette étude datée de mai 2025. Ce concept est défini comme «une motivation sous-jacente et non spécifique à assumer les responsabilités d’un mandat politique», que celle-ci se traduise ou non par une candidature effective.

Cette disponibilité des Suissesses et des Suisses s’est notamment traduite lors des élections fédérales d’octobre 2023, qui avaient enregistré un nombre record de candidates et candidats. Quelque 6000 personnes avaient postulé pour l’un des sièges du Conseil national. Il en était de même, par exemple, lors des élections au Grand Conseil bernois de 2022 ou lors des municipales à Genève, qui se sont tenues en mars dernier.

Toutefois, au niveau communal, la situation genevoise relève plutôt de l’exception. Souvent, les partis peinent à trouver des personnes prêtes à assumer une fonction politique. Malgré les fusions, près de la moitié des communes ont du mal à trouver des candidates et des candidats pour les exécutifs, montrait le monitoringLien externe publié en novembre dernier par la Haute école des sciences appliquées de Zurich (ZHAW).

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Les auteurs de l’étude soulignent qu’il existe une différence entre une disponibilité générale, théorique, et une candidature effective, lorsqu’il faut faire face aux exigences concrètes d’un mandat, comme l’investissement en temps ou les compétences requises. Ce n’est qu’à ce moment-là que l’on évalue si l’engagement politique est réellement compatible avec sa propre vie.

Le potentiel des jeunes, la retenue des femmes

Pour le professeur Alois Stutzer, qui a dirigé l’étude à l’Université de Bâle, il existe un potentiel inexploité: la jeunesse. L’étude montre en effet que les personnes issues des jeunes générations sont les plus enclines à envisager un engagement politique si elles étaient invitées à le faire. Paradoxalement, c’est aussi le groupe auquel on propose le moins souvent une place sur les listes électorales.

Les données du sondage mettent en lumière une autre réalité: la différence de disponibilité entre les hommes et les femmes, ces dernières se disant nettement moins prêtes à se porter candidates, même si on le leur proposait. Cette disparité, pour les générations les plus anciennes, pourrait s’expliquer par l’introduction tardive du suffrage féminin en Suisse, en 1971, avance Alois Stutzer.

Plusieurs études menées aux États-UnisLien externe comme en EuropeLien externe montrent que les femmes évaluent fréquemment leurs compétences politiques à un niveau inférieur à celui des hommes, ce qui les rend moins enclines à se mettre à disposition pour remplir un mandat électif, relève le professeur d’économie politique.

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Des différences régionales

À l’échelle individuelle, les personnes fortement ancrées dans leur réalité locale se disent plus enclines à s’engager en politique. Deux facteurs sont identifiés par les chercheurs: un investissement économique, par exemple via l’achat d’un logement, et un engagement social, comme un rôle actif dans une association.

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Plus généralement, l’étude révèle aussi une plus grande ouverture à l’engagement politique dans les petites localités, où le sentiment de communauté est plus fort et les problèmes perçus comme plus accessibles.

Ces logiques permettent aux petites communes d’éviter une pénurie de personnel politique encore plus grave que celle que l’on constate actuellement.

Des différences linguistiques

Enfin, l’équipe du professeur Alois Stutzer met en évidence une autre disparité, d’ordre linguistique. En moyenne, en Suisse romande, la volonté de s’engager en politique est ainsi significativement plus faible qu’en Suisse alémanique et au Tessin.

En analysant les disparités entre cantons, on observe cependant de fortes variations même au sein d’une même entité linguistique, en particulier en Suisse alémanique. A ce titre, les cantons romands – situés dans la partie moyenne à basse de l’échelle – se montrent un peu plus cohérents, tandis que le Tessin affiche un niveau d’engagement politique latent relativement élevé.

Traduit de l’allemand par Didier Kottelat (RTS)

L’étude de l’Université de BâleLien externe s’appuie sur la première édition de l’enquête «Comment ça va, la Suisse?Lien externe», réalisée par l’institut de recherche gfs.bern sur mandat de la SSR entre avril et mai 2023. L’échantillon comprend 8921 personnes, réparties dans 1463 communes et les 26 cantons.

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