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A Genève, Wagner dans tous ses états

«Tristan et Isolde» (La Mort), 1910, de Rogelio de Egusquiza. Archives photographiques du Musée des Beaux-Arts de Bilbao

Alors qu'un sexe viril et wagnérien fait beaucoup parler de lui au Grand Théâtre, le Musée Rath expose des œuvres picturales inspirées par le compositeur.

Une exposition inédite qui va de Renoir à Dali en passant par Kandinsky ou Klee.

«Nous souhaitons avertir notre public que des scènes de Tannhäuser peuvent être de nature à heurter la sensibilité de certains», prévient le site web du Grand Théâtre de Genève.

Quoi, le respectable Grand Théâtre de Genève donnerait dans le spectacle hot, interdit au moins de 18 ans? Pas vraiment. Mais néanmoins, le «Tannhäuser» de Wagner dans une mise en scène d’Olivier Py, à l’affiche de la célèbre salle genevoise depuis vendredi soir jusqu’au 11 octobre, sème l’émoi dans certains médias romands depuis une petite semaine.

La nécessité d’un vrai professionnel!

Au centre de la controverse: le sexe en érection de l’acteur de films pornographiques français «HPG», qui apparaît durant le premier acte de l’opéra, dans le rôle du Minotaure enlevant Europe. Europe, dont la nudité, elle ne suscite aucune vague…

«Garantir chaque soir une absence de panne n’était possible qu’avec un professionnel», a expliqué à la presse le metteur en scène français Olivier Py, champion de la communication qui fait mouche. A noter toutefois que la scène dure à peine 60 secondes sur trois heures et demie de spectacle.

De son côté, interrogé par La Tribune de Genève, HPG, qui aurait à son actif un millier de films, s’est dit ravi de cette «première incursion dans le monde lyrique». «Je pourrai dire à mes enfants, si j’en ai un jour, que j’ai été le premier ‘hardeur’ sur une scène d’opéra», a-t-il ajouté.

Quant à la musique, l’artiste a avoué qu’il l’écouterait mieux après les représentations. «Je dois trop me focaliser sur mon travail», a-t-il expliqué.

Les responsables du théâtre assument pleinement cette version de «Tannhaüser», un opéra créé en 1845 à l’opéra de Dresde. Une version qui présente par ailleurs un plateau d’exception, avec les plus grands chanteurs du moment. Notamment Jeanne-Michèle Charbonnet, Stéphane Gould, considéré comme «le» ténor wagnérien contemporain, ou encore Dietrich Henschell.

Des planches aux cimaises

Wagner est également présent au Musée Rath à travers une exposition intitulée «Richard Wagner, Visions d’artistes», à découvrir jusqu’au 29 janvier.

Le musée propose un cheminement thématique et chronologique qui conduit de la peinture des années 1850 à l’art contemporain. Les oeuvres exposées illustrent la persistance et l’universalité des thèmes et du répertoire du maître de Bayreuth.

Les mouvements les plus divers de l’art occidental sont représentés: l’impressionnisme d’un Renoir, le symbolisme d’un Odilon Redon, le sécessionnisme viennois, l’expressionnisme et jusqu’au surréalisme de Dali. L’exposition reflète les lectures très contrastées que les différents artistes avaient de l’oeuvre du compositeur.

L’exposition s’élargit également sur une section musicaliste donnant à voir des œuvres d’artistes (comme Gauguin ou Kandinsky) qui, sans avoir illustré le drame wagnérien, se sont préoccupé de la démarche théorique et esthétique du compositeur, dans son rapport avec la notion d’art total.

A l’étage inférieur du musée, un parcours retraçant l’historique de l’oeuvre de Richard Wagner permet au visiteur d’écouter des extraits de ses opéras. Associé à l’exposition, le Musée d’art moderne et contemporain (Mamco) de Genève présente, dans la même salle, des installations d’artistes contemporains.

swissinfo et les agences

Exposition «Richard Wagner. Visions d’artistes. D’Auguste Renoir à Anselm Kiefer», à voir au Musée Rath, Genève, du 23 septembre 2005 au 29 janvier 2006.
«Tannhaüser» au Grand Théâtre de Genève les 23, 26, 29 septembre à 19h00, 2 octobre à 16h00, 5, 8, 11 octobre à 19h00.

– Richard Wagner est né en 1813 à Leipzig, en Allemagne. Dans sa jeunesse, Wagner étudie la piano, le violon et l’harmonie, et fait preuve d’un grand intérêt pour le théâtre.

– Ses premières compositions datent de 1830. Il crée son premier grand opéra, «Rienzi», en 1842.

– En 1850, «Lohengrin», représenté à Weimar, produit une profonde impression: on le joue un peu partout en Allemagne et en Autriche, et la réputation de Wagner grandit.

– Wagner inaugure en juin 1876 à Bayreuth, le Théâtre dont il rêvait, avec la représentation de l’intégrale de «La Tétralogie»: le succès est immédiat, et Bayreuth attire des mélomanes et des notables du monde entier.

– Il meurt en 1883 à Venise.

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