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Benno Besson, à l’aise dans la fantasmagorie

La dernière création de Besson, déjà présentée à Paris et Lausanne. swissinfo.ch

Pour le plus grand bonheur de ses fans, le metteur en scène vaudois reprend à Genève «Mangeront-ils?»

Une comédie de Victor Hugo qu’il a créée l’an dernier et dans laquelle il démontre, une fois de plus, son talent de conteur.

Songera-t-il un jour à prendre sa retraite, Benno Besson? Il faut croire que non. Ce jeune homme de 80 ans court encore les scènes pour y donner ses spectacles.

Que ceux-ci soient joués à Lausanne, à Berlin, à Paris ou à Genève, le public s’y précipite, toujours curieux de voir le travail et l’oeuvre de l’ex-collaborateur de Bertolt Brecht, un des derniers témoins d’une prestigieuse époque théâtrale.

Un monument national

Sans craindre l’exagération, on peut dire que Besson est un monument national suisse.

Il y a en lui la force d’une résistance aux modes. Mieux, la capacité à imposer la sienne propre, reconnaissable entre mille, grâce notamment aux masques dont il fait systématiquement usage. Visages doubles que portent ses acteurs avec la légèreté de qui sait que vivre, c’est également jouer.

C’était le cas dans «L’oiseau vert», «Le roi cerf», «Le cercle de craie
Causasien», pour ne citer que trois des nombreux spectacles de Besson.

C’est aussi le cas dans «Mangeront-ils?», dernière création de Besson, déjà présentée à Lausanne et à Paris, et reprise pour cinq soirs à Genève (du 29 avril au 3 mai), au Forum Meyrin.

Les trois cercles

«Mangeront-ils?» est une comédie de Victor Hugo. Au centre de la pièce, l’Eglise, le pouvoir (étatique) et l’amour. Trois cercles de l’enfermement qui, sur scène, se fondent dans la dense broussaille d’une forêt.

Seule une sorcière semble capable de s’ouvrir un passage dans ce décor (signé Jean-Marc Stehlé) lourd de grands végétaux et d’arbres immenses.

Zineb, la sorcière (Léa Drucker), va donc sceller le sort d’un voleur (Samuel Tasinaje) et de deux jeunes amants (Hélène Seretti et Claude Barichasse) assidûment poursuivis par un roi jaloux et despote (Gilles
Privat).

A l’autorité du roi, s’oppose celle d’un clergé ici statufié par la présence immuable d’un saint. Soit une sculpture dont les contours s’estompent au contact d’une église fantôme évoquée par deux ogives osseuses.

Le propos de Victor Hugo

On ne pouvait mieux dire la sanctification de l’amour dans une atmosphère où l’autorité (religieuse et royale) se désintègre.

C’est tout le propos de Victor Hugo qui traque ici la faim. Faim d’amour, faim du pouvoir aussi, les deux s’épaulant et se combattant sans cesse dans une atmosphère surnaturelle dont Benno Besson s’est volontiers emparé.

On connaît l’aisance du metteur en scène vaudois face aux pièces fantasmagoriques. Il en avait donné la preuve dans «L’Oiseau vert» et «Le Roi cerf» justement.

Il persiste et signe ici en entretenant le mystère, la fantaisie, la drôlerie et l’inquiétude nécessaires à tout conte merveilleux.

swissinfo, Ghania Adamo

« Mangeront-ils? », Genève, Forum Meyrin; du 29 avril au 3 mai. Tel: 022/989 34 34

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