Benno Besson sert Victor Hugo
Benno Besson offre la primeur de son nouveau spectacle au Théâtre de Vidy-Lausanne.
Le réputé metteur en scène vaudois monte «Mangeront-ils?» de l’immense écrivain français, Victor Hugo.
La comédie de Victor Hugo intitulée «Mangeront-ils» débute mardi, au Théâtre de Vidy, à Lausanne.
L’événement s’inscrit bien sûr à l’enseigne du 200e anniversaire de la naissance de Victor Hugo.
Cette nouvelle production est jouée vingt fois à Lausanne, jusqu’à la fin octobre. Ensuite, elle tournera en France et en Belgique.
Une parabole en alexandrins
«C’est une parabole sur le pouvoir, l’amour, la sociabilité et la mort», déclinée en alexandrins, explique le directeur du Théâtre de Vidy, René Gonzalez.
L’intrigue se déroule sur une île, dans une forêt. Elle réunit une sorcière âgée de 100 ans, un voleur généreux (!), un roi tyrannique ainsi qu’un couple d’amants réfugiés dans un cloître qui ne peuvent ni boire, ni manger.
Autrement dit, les deux amoureux se retrouvent prisonniers aux abois. Car ils découvrent que toute la végétation de l’île est vénéneuse.
Et c’est là tout le propos: les deux amants mangeront-ils ou ne mangeront-ils pas? D’où le titre donné à la pièce.
«C’est surtout un conte cruel qu’il faut aller voir avec les yeux d’un enfant pour en retirer quelques leçons», déclare René Gonzalez.
Les faibles triomphants
«Mangeront-ils» est donc une comédie en deux actes. Elle fut achevée le 27 avril 1867, à 8h30 du matin, devait préciser son auteur, Victor Hugo, dans ses carnets.
Elle appartient au recueil des pièces dites du «théâtre en liberté», rédigées pendant l’exil de l’écrivain français à Guernesey.
Victor Hugo souhaitait, en effet, regrouper sous le titre générique «la puissance des faibles» toutes les pièces dont l’heureux dénouement était l’œuvre des personnages réputés faibles.
A l’image des deux personnalités de la sorcière Zineb et du voleur Aïrolo dans cette pièce «Mangeront-ils ?».
La mort de manière très gaie
Pour le metteur en scène Benno Besson, «cette pièce parle sans arrêt de la mort, mais de manière très gaie». «Or, une comédie qui parle de la mort, ce n’est pas si fréquent!»
Dans «Mangeront-ils», la sorcière sait qu’elle va mourir. Elle a un sens aigu de son appartenance à la création, à la nature.
Mais, pour elle, mourir, c’est renaître. C’est se remettre en accord avec l’infini, s’unir à la nature. Elle attend donc la mort comme une révélation.»
Le genre humain
«La façon dont Victor Hugo appréhende et se soucie des intérêts du genre humain et de la nature le rapproche du poète et philosophe grec Sophocle» … «Il perçoit le monde avec fraîcheur sans en gommer les contradictions.»
La sorcière tient une place essentielle dans la pièce. «Cette femme perçoit le monde différemment des hommes», explique le metteur en scène vaudois.
«Elle veut protéger le genre humain et la nature, alors que les hommes ont la fâcheuse tendance à vouloir dominer, soumettre la nature et l’univers.»
swissinfo/Emmanuel Manzi
Location: ma-sa 10-19h au 021/619 45 45.
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