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Bovidés sur papier Arches

«De la Mythologie à la vache folle - Saga du boeuf bourguignon», tel est le titre sibyllin d'un très beau portfolio signé par le peintre Claudévard, un ouvrage qui vient de paraître chez Plonk & Replonk, l’éditeur le plus atypique de Suisse romande.

«De la Mythologie à la vache folle – Saga du boeuf bourguignon», tel est le titre sibyllin d’un très beau portfolio signé par le peintre Claudévard, un ouvrage qui vient de paraître chez Plonk & Replonk, l’éditeur le plus atypique de Suisse romande.

Le peintre Claudévard est né à Bienne en 1930, mais vit aujourd’hui dans le Jura neuchâtelois, région de pâturages et de bétail. Et l’homme a beau être un artiste, qui s’adonne volontiers aux compositions géométriques, il est aussi un individu socialement concerné. La preuve? Lorsqu’il croise un bovidé, il ne voit pas que ses membres musclés et sa croupe callipyge, non, il y associe immédiatement les prions, les hamburgers à la viande douteuse, les mutations et autres croisements génétiques, le premier étant à chercher dans la Mythologie : «Vous savez, la petite dame qui se fait engrosser par un taureau, et qui donne une drôle de bête: le Minotaure», précise Claudévard.

Bref, qui vole un oeuf vole un boeuf, peut-être, mais de quel boeuf parle-t-on?

Cet intérêt pour les bovidés est né chez Claudévard lorsque la République et Canton de Neuchâtel demanda à ses artistes de s’inspirer d’oeuvres du 19e siècle pour commémorer ses 150 ans d’existence, c’était en 1998. Claudévard tomba alors sur un taureau comme on n’en fait plus, un taureau immortalisé par un peintre genevois du nom de Charles Humbert. «En voyant cet animal, j’ai pensé à toutes les pauvres bêtes qui aujourd’hui baisent dans des éprouvettes… Toute la différence est là!», déplore l’artiste. Alors il se mit au travail et créa une installation intitulée «La déchéance du taureau», installation qui comportait soixante-et-un dessins à l’encre de Chine, et qui fut exposée au printemps dernier au Musée d’Art et d’Histoire de Neuchâtel.

Les trente dessins qui constituent le portfolio sont tirés de cette série. Ils évoquent donc, par quadrupèdes interposés, la décrépitude de cette fin de siècle. Pourtant, lorsque l’on feuillette ce bel objet, ce n’est pas tant le discours critique que l’aspect esthétique des bestiaux, leur force, leurs formes, qui frappe. Claudévard s’en explique: «Un dessinateur de presse aurait un dessin plus acéré, immédiatement lisible en tant que critique. Mais pour moi, la critique doit se trouver derrière l’esthétique. Le noir, le blanc, le gris, et derrière ces noirs, ces blancs, ces gris, il y a toute l’histoire qui se fait : mais elle ne se lit pas du premier coup.»

Bernard Léchot

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