Ciel, mes bijoux !

Jusqu'au 17 décembre, le Centre suisse de la Bande dessinée à Sierre propose une exposition intitulée «Le trésor dans la BD». A l'origine du projet, l'historien de l'art Daniel Thurre.

Jusqu’au 17 décembre, le Centre suisse de la Bande dessinée à Sierre propose une exposition intitulée «Le trésor dans la BD». A l’origine du projet, l’historien de l’art Daniel Thurre.

Daniel Thurre est un homme sérieux. Universitaire, sa thèse de doctorat portait sur l’atelier roman d’orfèvrerie de l’Abbaye de Saint-Maurice. Aujourd’hui, Directeur de l’Ecole catholique du Valentin, à Lausanne, il enseigne l’histoire de l’art et donne un cours de «lecture de l’image»; il y évoque Le Titien, Michel-Ange ou Monnet, sans doute. Mais aussi, surprise, Hergé, Jacques Martin, Derib, Chaillet… Et lorsque l’on parle BD avec Daniel Thurre, son visage s’illumine : «Moi ce qui me fascine dans la bande dessinée, au-delà de l’aventure, ou de choses qu’on peut y vivre par procuration, c’est certaines images! Il y a de véritables tableaux!».

Mêlant son goût pour l’art et l’histoire – le Moyen âge en particulier – et sa passion de bédéphile, Daniel Thurre s’est lancé dans une recherche portant sur l’imagerie du trésor dans la bande dessinée. L’envie de rassembler les planches qui touchent à ce thème, mais aussi de retrouver les sources iconographiques auxquelles ont eu recours les dessinateurs.

L’exposition que présente actuellement le centre sierrois est la conséquence publique de cette recherche : des dizaines de planches et d’agrandissements que l’on peut détailler en suivant un labyrinthe aux ambiances multiples, conçu par l’architecte Pierre-Antoine Quinodoz.

Les héros de bande dessinée sont en effet presque tous partis un jour à la recherche d’un trésor, de Tintin à Vasco en passant par Petzi, Mickey ou les Schtroumpfs! En général, le trésor se révèle époustouflant : objets d’art d’une valeur inestimable, coffres débordants de bijoux, cavernes jonchées de pièces d’or. Dans le 9e art, ce qui caractérise le trésor, c’est la profusion… Avec quelques exceptions toutefois. Par exemple, lorsque le trésor a disparu à jamais. Ou lorsque c’est de retour chez soi qu’on le découvre, après un long voyage, comme Tintin et Haddock dans «Le trésor de Rackham Le Rouge»… Dans ces cas-là, le trésor réside surtout dans la quête elle-même. Initiatique? Peut-être. L’exposition se conclut d’ailleurs par trois immenses dessins tirés du «Peter Pan» de Loisel, accompagnés d’une citation : «La véritable richesse, c’est celle de l’esprit». Qui a dit que la BD était un art mineur?

Bernard Léchot

«Le trésor dans la BD», à voir au Centre suisse de la bande dessinée, à Sierre, jusqu’au 17 décembre.