«Hôtel des deux mondes», joli logement pour l’inconscient

Le comédien suisse Bernard Haller loge à l’«Hôtel des deux mondes». Patrick Ullman

La dernière pièce du Français Eric-Emmanuel Schmitt propose une très belle réflexion sur la vie. Elle est présentée en tournée suisse, dans une mise en scène de Daniel Roussel. A ne pas manquer.

Eric-Emmanuel Schmitt est le dramaturge français le plus en vogue aujourd’hui avec Yasmina Reza. Pas étonnant, car il sait plaire à tous les publics, maniant aussi bien les pièces de boulevard («Frédérick ou le boulevard du crime»), que les textes philosophiques où il n’hésite pas à donner la parole à Dieu et à Freud («Le Visiteur»).

S’il est parfois classique dans son écriture et de ce fait très attendu, il sait aussi être inventif et brillant comme c’est le cas dans «Hôtel des deux mondes», son dernier texte de théâtre, le plus beau jusqu’à ce jour.

Dans cette pièce, actuellement en tournée suisse, Schmitt imagine un lieu où errent des comateux. Les personnages sont des accidentés ou des malades qui attendent dans un sas, en lequel on peut voir l’inconscient, que leur sort se décide. Certains reviendront sur terre, d’autres partiront vers l’au-delà. Entre temps, ils revivent leur vie ou s’en inventent une autre.

De ce sas, le metteur en scène Daniel Roussel a fait un endroit hybride qui relève à la fois du caveau et de la réception d’hôtel. Un espace entre deux mondes où les acteurs (Bernard Haller, Catherine Arditi, Viktor Lazlo…) affrontent avec habileté leur statut de mort-vivant et donnent le meilleur d’eux-mêmes à cette pièce imprégnée d’une âpre tendresse.

Ghania Adamo

«Hôtel des deux mondes». Morges (Théâtre de Beausobre, 8 mars), Bulle (salle de l’Hôtel de Ville, 9 mars), Monthey (Théâtre du Crochetan, 11 mars)