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Lausanne s’étend sur le divan du bon docteur Freud

Voici un siècle, le médecin viennois renvoyait l'homme à ses démons intérieurs en publiant "L'interprétation des rêves". La psychanalyse était née. Un anniversaire que la capitale vaudoise s'apprête à marquer à travers une série de manifestations.

Voici un siècle, le médecin viennois renvoyait l’homme à ses démons intérieurs en publiant «L’interprétation des rêves». La psychanalyse était née. Un anniversaire que la capitale vaudoise s’apprête à marquer à travers une série de manifestations : colloques, cycle de films à la Cinémathèque, et deux expositions, dont la première vient d’ouvrir ses portes.

Qu’y a-t-il de commun entre les nymphettes lascives de Balthus et l’épaisseur d’un nu de Picasso ? Entre le misérabilisme d’un Fernand Pelez et les lisses bacchantes de Gleyre ? Entre l’étrangeté d’un paysage à la Redon et la vivacité malicieuse d’un dessin de Cocteau? Le thème du sommeil sert de fil conducteur à l’exposition du Musée des Beaux-Arts de Lausanne. Une des multiples manifestations hivernales visant à commémorer la naissance de la psychanalyse, et la parution, voici un siècle exactement, de «l’Interprétation des rêves» de Sigmund Freud.

L’intérêt pour le sommeil est certes plus ancien – que l’on songe à Goya ou au Titien – mais la sélection présentée à Lausanne se limite aux XIXe et XXe siècles. Fasciné par l’hypnose et les recherches scientifiques en cours, mais aussi par ce moment mystérieux d’abandon de l’être, le XIXe est peuplé d’innombrables dormeurs.

Ses premières années voient de fréquentes allusions à l’Antiquité, comme en témoigne l’exquis «Endymion» (symbole, pour les Romains, de l’immortalité de l’âme) qu’a laissé Fragonard. Alors que Courbet croquait une très sensuelle – et alors scandaleuse – “Fileuse endormie” (1853). Marqué par ses lectures rousseauistes, le Suisse Anker s’est surtout intéressé au sommeil des enfants, comme à un symbole d’innocence et de pureté. On préférera à ce mièvre angélisme un remarquable «Nu à l’écharpe verte» (1914), de Vallotton, ou un «Bébé» (1961), étonnant dans l’œuvre de Lucian Freud (accessoirement, le petit-fils de Sigmund). Voire, sur un mode plus contemporain, l’installation malicieuse de Sophie Calle, qui a photographié une série de dormeurs dans toutes les situations imaginables.

Si l’exposition est inégale – le surréalisme brille par son absence, alors qu’on aurait volontiers laissé d’autres artistes dormir dans les sous-sols – elle paraît néanmoins promise à un joli succès, tant le thème des songes demeure porteur…

Véronique Zbinden

Musée des Beaux-Arts, 6, pl. de la Riponne, Lausanne : «Le sommeil ou quand la raison s’absente» ; ma-mer de 11 à 18h, jeu de 11 à 20h, ven-di de 11 à 17h. Jusqu’au 30 janvier 2000.

Sur le même thème : «Visions du rêve», exposition à la Fondation Verdan, du 1er décembre au 5 mars 2000.

Colloque organisé par la Section d’Histoire de l’Art de l’Université de Lausanne et l’Institut romand d’Histoire de la médecine (du 1er au 3 déc.)

Cycle de films à la Cinémathèque de Lausanne.

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