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Le Belluard, entre cris de guerre et rêves de paix

Détail de l'affiche 2007.

Le plus atypique des festivals romands, le plus expérimental aussi, démarre le 28 juin à Fribourg.

Pour sa 24e édition, Belluard Bollwerk International met à son affiche théâtre, performance, danse, musique… Toujours avec la curiosité qui le caractérise.

A l’origine du Belluard Bollwerk International, un homme: Michel Ritter. Michel Ritter nous a quitté cet hiver, après une fructueuse et parfois houleuse vie culturelle qui l’avait propulsé ces dernières années à la tête du Centre Culturel Suisse à Paris.

Ce Fribourgeois avait donc fondé il y a un quart de siècle, dans sa ville d’origine, un festival plus brièvement appelé BBI et qui fut longtemps aux avant-postes des arts scéniques.

A l’écoute

L’avant-garde n’existant plus aujourd’hui, ce qui reste de Ritter c’est «la volonté d’être à l’écoute du monde et de ses différentes tendances artistiques», avoue Gion Capeder qui, aujourd’hui, codirige avec Stéphane Noël le festival. «C’est aussi le souhait, ajoute-t-il, de ne pas perdre de vue le côté expérimental du BBI qui a toujours misé sur des créateurs audacieux capables de pousser toujours plus loin les limites de leur art».

Ne craignant pas le mélange de genres – théâtre, danse, installations, performances, musique – le BBI avance donc le nez au vent. Ce qui importe, c’est l’allégresse du risque, de l’inconnu, sans laquelle ce festival n’aurait plus sa raison d’être.

«Le théâtre classique, par exemple, avec ses grandes déclamations et son côté hiératique ne nous intéresse pas, poursuit Gion Capeder. Si l’on veut voir des têtes d’affiche, ce n’est pas chez nous qu’il faut venir. Ce que l’on recherche, c’est l’atypique. Pour cette 24e édition du BBI, nous avons programmé des créations ou des accueils qui jouent avec les codes cinématographiques ou qui entretiennent des rapports sensoriels, et même naïfs, avec les objets, façon art brut».

Mo-der-ne!

Pour preuve «La Grande guerre», un film d’animation réalisé en direct par la compagnie hollandaise Hotel Modern. En matière de modernité, difficile de faire mieux: sur scène, des caméras digitales traquent une guerre des tranchées où des micros hautes-fréquences donnent au moindre coup la résonance d’un bombardement.

Autre exemple: «Electricbells», un projet collectif réalisé par des artistes suisses, français et canadiens, sous le label SpaceLABS. Il s’agit là d’une performance électro-acoustique donnée, avec force klaxons, dans les rues du vieux Fribourg à l’occasion du 850e anniversaire de la ville.

S’il fallait à tout prix trouver une cohérence thématique à cette 24e édition du BBI, on dira qu’elle est un cru ‘pure mondialisation’, entre cris de guerre et rêves enfantins de paix. On le dit à Gion Capeder. Il répond en riant que c’est une définition qui lui va bien.

Mais il ajoute que la mondialisation c’est aussi le mélange heureux des identités, le temps d’un festival qui dure à peine dix jours – du 28 juin au 7 juillet. «Les spectacles à l’affiche, précise Capeder, réunissent des artistes du monde entier, des Belges, des Français, des Mexicains, des Américains, des Anglais et des Suisses bien sûr qui travaillent avec un même objectif: proposer des choses fortes et simples».

swissinfo, Ghania Adamo

Belluard Bollwerk International, 24e édition , à suivre à Fribourg du 28 juin au 7 juillet.

Le Belluard Bollwerk International (BBI) est un festival qui se déroule tous les ans à Fribourg, au début de l’été. Construite à la fin du XVe siècle, la forteresse du Belluard – qui a donné son nom à l’événement – constitue le cœur du festival.

Fondé en 1983 par des artistes et des organisateurs de la région, le Belluard s’est vite ouvert à la scène nationale et internationale. Plus de 1000 artistes ont à ce jour présenté à Fribourg des spectacles de danse, théâtre, des performances, concerts, films, installations ou conférences.

La plupart des éditions des années 90 a été programmée par des curateurs invités, issus de contextes culturels et de pays différents.

Le Belluard a développé d’autres formules de programmation: édition répartie sur l’année, édition thématique, programmation confiée à des artistes qui ont fait l’histoire du festival ou, depuis 2004, programmation « maison ».

Le Belluard accorde une place importante à la production en soutenant des projets artistiques régionaux et internationaux. Il organise aussi depuis l’an 2000 un concours de création ouvert à tous.

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