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Le cinéma suisse pleure Daniel Schmid

Emporté par la maladie, Daniel Schmid laisse le cinéma suisse orphelin. Keystone

Le décès du cinéaste grison, dans la nuit de samedi à dimanche, a provoqué une très vive émotion dans le monde du cinéma et de la culture en Suisse.

Daniel Schmid s’est éteint à l’âge de 64 ans, des suites d’un cancer. Il laisse une douzaine de films envoûtants et souvent théâtraux, dont «Beresina ».

«C’était un sensible, un Grison rugueux », souligne Nicolas Bideau. Le chef de la section cinéma de l’Office fédéral de la culture considère «Beresina» comme un film «intelligent, drôle et critique, notamment envers l’étroitesse d’esprit des militaires.» Le film avait réussi un beau score à l’époque avec 120 000 entrées.

«Daniel Schmid disait toujours ce qu’il pensait, de façon rude parfois mais aussi de façon poétique… Il voulait aussi que l’on fête sa mort», se souvient Nicolas Bideau. Le Festival de Locarno a modifié sa programmation dimanche, projetant un des films du Grison, «Il bacio di Tosca», en fin de soirée.

Malade depuis longtemps, Daniel Schmid planchait néanmoins sur un nouveau film qu’il a dû abandonner, il y a quelques semaines. Pour le cinéaste genevois Alain Tanner, les meilleurs films du Grison sont ses premiers, notamment «La Paloma» sorti en 1974.

De Flims à Berlin

Daniel Schmid est né le 21 décembre 1941. Il passe son enfance dans l’hôtel de sa famille à Flims (GR). A 19 ans, il s’établit à Berlin pour des études d’histoire, de littérature et de cinéma. Il se lie avec Ingrid Caven et le cinéaste Rainer Werner Fassbinder qui fera jouer Daniel Schmid dans «Le Marchand des quatre-saisons» sorti en 1971.

Le premier long métrage de Daniel Schmid, «Cette nuit ou jamais» (1972), séduit la critique. Ce film évoque une ancienne tradition de Bohème, où maîtres et serviteurs échangent leurs rôles pour un soir.

Un chant de désir et de mort

Deux ans plus tard, il signe son premier chef-d’oeuvre, «La Paloma», qui décrit la relation morbide entre un aristocrate et une chanteuse de cabaret. Ce mélodrame traite de la théâtralité et de l’artificialité. Freddy Buache l’a qualifié de «chant de désir et de mort».

Après «Schatten der Engel» (L’Ombre des anges, 1976) sur un texte de Fassbinder, il adapte en 1977 un roman de l’auteur alémanique Conrad-Ferdinand Meyer «Violanta», film qui mêle inceste et fatalité. Suit «Hécate» en 1982, un drame de la passion et de la jalousie.

Fascination pour l’opéra

Avec le documentaire «Il bacio di Tosca» il révèle, deux ans plus tard, le quotidien d’anciennes vedettes de l’art lyrique retirées à la Casa Verdi, à Milan. Daniel Schmid est fasciné par l’opéra et en a mis en scène une demi-douzaine dont «I Puritani» de Bellini en 1995 à Genève, et «Beatrice di Tenda» de Bellini en 2001 à Zurich.

En 1987, dans son film «Jenatsch», il entrelace passé et présent autour de la mort d’un héros ambigu de la libération des Grisons. «Hors saison» évoque en 1992 ses souvenirs d’enfance dans un hôtel familial.

Mime au crépuscule

En 1995, il dévoile «Le visage écrit», un documentaire qui constate l’agonie du monde des geishas. Il présente le portrait d’un acteur de kabuki ainsi que d’inoubliables moments de mime au crépuscule.

Son ultime film est une virulente comédie noire sortie en 1999. «Beresina ou les derniers jours de la Suisse» raconte l’histoire d’une call-girl russe récemment arrivée en Suisse. Daniel Schmid y démontre avec humour l’égoïsme national et la conception étriquée de la nationalité suisse.

Daniel Schmid a obtenu quelques récompenses, dont en 1998 le Prix artistique de la ville de Zurich doté de 50 000 francs. Il a reçu le Léopard d’honneur du Festival du film de Locarno en 1999.

swissinfo avec les agences

1999: BERESINA
1995: LE VISAGE ECRIT
1992: HORS SAISON
1991: LES AMATEURS
1987: JENATSCH
1984: IL BACIO DI TOSCA
1983: IMITATION OF LIFE
1982: HECATE
1981: NOTRE DAME DE LA CROISETTE
1977: VIOLANTA
1976: L’OMBRE DES ANGES
1974: LA PALOMA
1972: CETTE NUIT OU JAMAIS
1970: DO EVERYTHING IN THE DARK

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