Le Petit Chaperon rouge… de sang

Dans le cadre du 1er Festival international du film de Neuchâtel, le public a pu découvrir en avant-première «Promenons-nous dans les bois», le premier long-métrage très attendu du Français Lionel Delplanque.
En principe, les films dits «de genre» sont abandonnés au bon vouloir des Américains: angoisse, horreur, la production européenne ne s’y intéresse guère. Lionel Delplanque, un jeune réalisateur qui n’avait signé pour le moment que des courts-métrages, a foncé, et a réussi à imposer un projet
Derrière «Promenons-nous dans les bois», des références littéraires. «Le Petit Chaperon Rouge», bien sûr, dans la version de Grimm, et non pas celle de Perrault, trop «morale» selon Lionel Delplanque. Et puis «Le Roi des Aulnes» de Goethe, qui imprime également sa marque sur une bonne part du récit.
Que se passe-t-il quand cinq jeunes comédiens sont engagés par un châtelain caractériel, qui souhaite leur faire jouer «Le petit chaperon rouge» pour son petit-fils autiste? Mmmh? Je vous le demande. Et bien un repas étrange a lieu, puis la représentation. Mais la nuit tournera ensuite au cauchemar, car le grand méchant loup sortira du conte et fera des ravages dans l’univers clos du château, et des proches abords du bois qui l’entoure. Un loup qui n’a aucune pitié ni pour la jeunesse, ni pour la beauté… Ni pour le spectateur, qui, plus le film progresse, a une furieuse tendance à enfoncer ses ongles dans le velours du fauteuil en remerciant Satan de ne pas avoir de forêt à traverser pour rentrer chez lui.
Pour ce premier-long métrage, Lionel Delplanque a réuni une belle affiche. Clotilde Courau, Alexia Strési, Maud Buquet, Clément Sibony, Vincent Lecoeur et Clément Sibony sont les jeunes comédiens offerts en pâture au monstre. L’incroyable Michel Müller joue quant à lui un commissaire pas net. François Berleand le châtelain, et l’inquiétant Denis Lavant son garde-chasse.
La maîtrise filmique de Delplanque est magistrale. Image léchée, bande-son extrêmement soignée, tout est réuni pour que le spectateur soit pris au piège de l’angoisse. A propos, pourquoi tout cela? La finalité d’un tel film est-elle strictement cinématographique et esthétique, ou y a-t-il une intention morale derrière? «J’aimerais que ce soit les deux. C’est-à-dire, un film ou la dimension visuelle et sonore est importante, où les comédiens se donnent vraiment, pour le plaisir du spectateur. Mais le film parle de thèmes qui me sont chers: la filiation, la transmission, l’initiation, la paternité. Des thèmes que l’on retrouve également dans mes courts-métrages, et qui sont manifestement récurrents pour moi».
«Promenons-nous dans les bois», sortira, en France comme en Suisse, le 14 juin. Gageons que dès cette date, les parents qui auront vu ce film réfléchiront plutôt deux fois qu’une avant de raconter «Le petit Chaperon Rouge» à leurs enfants.
Bernard Léchot

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