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Les Black Eyed Peas regonflent Montreux

Fergie, chanteuse des Black Eyed Peas, est indéniablemenrt dynamisante. Keystone

Avec leur hip-hop/dance festif, les Californiens ont transformé lundi l'Auditorium Stravinski en club géant. Un concentré énergétique pas directement mémorable mais qui devrait être remboursé par l'assurance-maladie. Bon pour le moral.

Montreux est un tout terrain. Le jazz n’y est (évidemment) pas encore mort, les dinosaures du blues et du rock côtoient les rappeurs, la chanson française la pop et les musiques du monde, et même la musique classique.

Le festival ne crache pas non plus sur les événements mainstream XL planifiés par les jongleurs du single.

Exemple criant cette année: les Black Eyed Peas (un pois courant en Afrique et en Amérique du Sud appelé en français pois à vache, dolique à œil noir ou niébé. Voilà pour la minute agronomique).

Les Black Eyed Peas donc, un combo déjà en concert à Montreux en 2006, qui en connait un bout sur la manière de rameuter les fans avec sa sauce mondialisée. Une boisson énergétique qui mixe hip-hop, funk, R&B et, pour son (faiblard sur le fond, festif sur la forme) dernier disque studio surtout, electro dance tendance années 80 ou, vu sous un autre angle, caractéristique des soirées club branchées de Los Angeles.

Bref, du lourd. D’autant que Will-i-am, le créatif des BEP, fait souvent parler de lui aux bons endroits. En proche, par exemple, de Michael Jackson, avec lequel il travaillait depuis un an sur un nouvel album qui restera une possibilité. Dans un autre registre, le rappeur-producteur (et Cie) a coécrit le tube montant de U2, produit par Eno et Lanois («I’ll go crazy if i don’t go crazy tonight»).

La Fouine pour commencer

Premier jalon de cette soirée de lundi, un Français. Le ci-devant La Fouine, pour une échappée rap à la dure qui ne s’épargne aucun cliché. La caution grisaille et rage, peut-être, avant la danse… Et la danse, la public la voulait, clamant son impatience déjà avant l’heure du concert (sold out).

«Welcome to the E.N.D. There is nothing to fear. Everything is changing…» Une voix synthétique précède les chanteurs, rappeurs et musiciens, deux robots géants gonflables prennent forme. Ils flanquent une scène montée de deux colonnes lumière-laser, d’un écran pour l’accompagnement visuel des décibels. Quatre danseuses hip-hop lestes à changer leurs tenues imagées rejoindront ensuite la poignée de musiciens et le noyau dur des BEP.

Pour commencer, plusieurs titres anciens très funk/hip-hop, quelques problèmes techniques aussi. La salle bouge mais tout reste à faire. Le tube «Rock your body», du dernier album, lance la vague dance et prouve son efficacité. Mais n’échappe pas au vocoder, ce qui ne rajeunit personne.

Au fil des titres, la pression monte dans la cocotte-minute. La salle répond à la moindre sollicitation et vibre. Le crescendo est millimétré, les rythmes pulsent et déferlent, les basses infernales sont jouissives. Fergie pousse à bout sa voix très R&B, Taboo bande les muscles, apl.de.ap se fait presque oublier et Will.i.am, le boss charismatique, conduit la manœuvre sans rien ne laisser paraître et rappe de son ton un peu trainant.

Hommage à Michael Jackson

Quelques tubes anciens, d’autres actuels ou en devenir («Imma be»), puis Will.i.am reste seul aux platines. Alchimiste, il s’offre une longue BO personnelle («Heartbreaker», etc). Summum émotionnel, l’hommage à Michael Jackson dont «la musique vit». La preuve: quelques notes de «Thriller» et la salle hurle.

La suite du concert, alors que tout le monde est revenu sur scène, se poursuit dans la veine d’une musique synthétique sans la moindre trace d’accent mélancolique. Le spleen, le doute, la fragilité, connait pas. «Now Generation» est livré brut, bannière punk-rap, et «I gotta feeling» offert sur le mode disco à coups de fusil à confettis.

«Je suis venu à Montreux pour voir l’amour. Car il est ici, en Suisse. Je le sens dans l’air», annonce Will.i.am avant d’entamer «Where is the love». Un hit de 2003 que la salle connaît par cœur. Autre moment à vocation euphorisante, trompette à l’appui, le «Pump it» de 2005. Une folie hip-hop fusionnée avec le «Misirlou» surf de Dick Dale, relancé à l’époque par Pulp Fiction.

Une petite heure trente est passée et les BEP convertissent les dernières mauvaises têtes avec «Boom Boom Pow», leur hit du printemps. «Moi, j’ai pas aimé le début du concert, après, c’était nettement mieux», confie un jeune adulte au sortir de la salle.

Alors, les Black Eyed Peas, de l’art ou du cochon? Et qui s’en soucie.

Pierre-François Besson à Montreux, swissinfo.ch

43ème. Le 43ème Montreux Jazz Festival se tient du 3 au 18 juillet.

Animations. A côté des concerts dans les deux grandes salles du festival (Auditorium Stravinsky et Miles Davis Hall), maintes animations sont au programme, dont les croisières musicales sur le Léman, les multiples concerts gratuits, les workshops instrumentaux, les concours.

Budget. Deux-tiers du programme de festival est gratuit et le budget de cette édition se monte à 20 millions de francs.

Aura. Quelque 200’000 personnes au total devraient fréquenter ce festival devenu une importante carte de visite internationale et musicale de la Suisse dans le monde.

Formé en 1998 en Californie à partir de la collaboration de longue date des rappeurs Will.i.am (William Adams, 1975) et apl.de.ap (Allen Pineda, 1974) ainsi que du dj et danseur Taboo (Jaime Gomez, 1975), le groupe sort cette année-là un «Behind The Front» loin encore des cartons futurs.

Suivent «Bridging the Gap» en 2000 et surtout «Elephunk» trois ans plus tard, qui se vend à 7,5 millions d’exemplaires dans le monde. C’est aussi le moment où la charismatique chanteuse et actrice Fergie (Stacy Ferguson, 1975) intègre le groupe.

«Monkey Business», auquel participent James Brown et Sting, sort dans les bacs en 2005 et se vend à plus de 10 millions d’exemplaires, alors que les différents membres du groupe envisagent des bouts de carrière en solo.

En juin 2009, c’est le retour avec «The E.N.D (The Energy Never Dies)» dont les singles «Boom Boom Pow» et «I Gotta Feeling» squattent les sommets des ventes.

Avec plusieurs Grammy Awards en poche et des millions de fans sur la planète, les Black Eyed Peas entament en septembre une tournée mondiale.

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