
Les concepteurs du Letzigrund célébrés à Zurich

L'architecte neuchâteloise Marie-Claude Bétrix et son mari Eraldo Consolascio, établis à Erlenbach près de Zurich et auteurs du nouveau Letzigrund, sont à la fête, grâce à une première monographie et une exposition à Zurich.
«Enfin!», s’est exclamé il y a peu le site d’architecture allemand «baunetz.de» à propos de la première monographie sur Bétrix & Consolascio (B & C). Au moment où le Letzigrund était sous les feux des projecteurs avec l’Euro, l’ouvrage, habillé des belles couleurs ocres que l’on retrouve sur le stade, tombe en effet à pic.
Sans préjuger de l’œuvre à venir, le Letzigrund marque à n’en pas douter un aboutissement dans la création architecturale du duo tessino-neuchâtelois. Un aboutissement, mais pas une fin.
De par sa performance technique (notamment grâce aux couples de piliers, qui ont tous une inclinaison différente), son intégration parfaite dans le quartier, la beauté du «collier de perles» formés par les candélabres, la douceur de ses formes et de ses couleurs, le Letzigrund est déjà considéré comme l’un des plus beaux d’Europe.
Loin des modes
Lors du vernissage de l’exposition et de la monographie à Zurich, Johannes Voggenhuber, conseiller municipal de Salzbourg entre 1982 et 1987, est venu expliciter comment il avait vu les deux architectes à l’œuvre.
Selon lui, «l’art de B & C ressemble à celui d’un ballet, avec un danseur et une danseuses dont il est fascinant de chercher à savoir lequel des deux a inventé quelle pirouette et trouvant le juste équilibre entre des positions théoriques différentes».
Aujourd’hui député écologiste au Parlement européen, l’Autrichien connaît bien les architectes pour les avoir accompagnés lors de la rénovation du site de l’usine thermo-électrique de Salzbourg. B & C y rénoveront et construiront finalement neuf bâtiments entre 1985 à 2003.
«Je n’ai jamais vu un processus de créativité aussi radicalement intime», selon l’expression de Johannes Voggenhuber: B & C savent «se soustraire à l’excitation des modes, aux pseudo-évenements de l’air du temps. Leurs œuvres en sont libérées.»
Marie-Claude Bétrix le dit elle-même: «Nous ne voulons pas dépendre d’une mode», explique-t-elle. Et au contraire, les créations de B & C sont très fortement axées sur la topographie, l’histoire et le contexte du lieu.
Une «mystérieuse simplicité»
Si l’on cherchait à en trouver une seule, leur marque de fabrique serait peut-être un sens très marqué des proportions. Que cela soit pour le monumental (le Letzigrund, la salle de congrès et de foire pour l’Olma de St-Gall, la centrale de Salzbourg) ou le petit (maisons familiales), on est frappé par l’équilibre des formats. Rien n’est «trop», petit ou grand.
Selon Sylvain Malfroy, critique et historien d’architecture signant le texte de la monographie, ce qui caractérise le travail de B & C est précisément cette réflexion de la juste proportion en relation avec l’être humain. Une relation qui peut aussi, d’ailleurs, être un obstacle au déploiement des formes.
Ainsi, pour la clinique gynécologique de Berne, B & C ont intégré les éléments de fenêtres et les éléments de façades de telle manière que l’on ne peut savoir où sont les étages de l’extérieur. Or l’étage est, typiquement, un élément de mesure de l’homme.
Les architectes ont réussi à le transcender, tout en construisant à échelle humaine. Résulat – selon les mots de Sylvain Malfroy: une «mystérieuse simplicité».
swissinfo, Ariane Gigon, Zurich
L’exposition a été organisée dans le bâtiment principal de l’Ecole polytechnique fédérale (EPF) de Zurich, Rämistrasse 101, Zurich. Elle a pris fin le 17 juillet dernier.
Rédigé par Sylvain Malfroy sous le titre «changement de perspective (mais publié en allemand et en anglais), le texte de la monographie est un essai sur «la réception de l’architecture».
Les œuvres de B & C sont présentées en suivant le fil rouge de l’analyse du «projet» architectural, de sa création à sa réception par l’observateur.
«Bétrix & Consolascio, Perspektivwechsel / A shift in perspective», 80 francs, gta Verlag, ETH Zürich, ISBN 978-3-85676-226-1
Tous les deux diplômés en architecture de l’EPF de Zurich, la Marie-Claude Bétrix et Eraldo Consolascio, nés en 1953 et 1948, ont ouvert leur bureau en 1978.
Leur premier bâtiment construit (1979-1981), le sera presque en famille, puisque la fabrique de roulements à billes Sferax, à Cortaillod, a été fondée par le père de la Neuchâteloise.
Suivront des dizaines de réalisations, en Suisse, en France, en Espagne et en Autriche.
Maisons familiales, fabriques, hôpital, salles de gym, bureaux, stade de sport, théâtre (Neuchâtel, projet gagné en 1988, finalement non construit), Expo.02 avec l’exposition Werft, à Morat: la liste de 30 ans de travaux est déjà longue.
A l’Ecole polytechnique fédérale (EPF) de Zurich, une exposition retrace ce parcours avec des textes, des plans et des maquettes – installées sur une table suspendue!

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