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Les madones douloureuses de Käthe Kollwitz

La Fondation Neumann, à Gingins, rend hommage à la formidable expressionniste allemande (1867-1945), femme engagée, créatrice rare dans un univers d'hommes, proscrite par les nazis. Un témoignage cinglant sur l'horreur de toutes les guerres.

La Fondation Neumann, à Gingins, rend hommage à la formidable expressionniste allemande (1867-1945), femme engagée, créatrice rare dans un univers d’hommes, proscrite par les nazis. Un témoignage cinglant sur l’horreur de toutes les guerres.

Voici qui nous change radicalement des gracieusetés Art Nouveau que la Fondation Neumann est coutumière de présenter. Désireux de transmettre «un message de paix, à l’aube du prochain millénaire», le musée vaudois a exhumé de ses collections gravures, dessins et sculptures de l’expressionniste allemande Käthe Kollwitz. Un propos qui ne pouvait trouver porte-drapeau plus véhément que cette créatrice rare, dont tout l’œuvre fut porté par son engagement humain et politique.

«Famine», «Violée» ou «La mort, une femme dans son giron», ou encore la série de gravures sur bois intitulée «Guerre» font défiler des prisonniers réduits à la condition de bétail, des yeux rendus hagards par la faim, un gosse blême tendant vers le visiteur sa pauvre écuelle, un vagabond crucifié par la Faucheuse sur le bord d’un chemin. Et, partout, des femmes : des madones aux mains nouées par une indicible souffrance, de bouleversantes Pietà expressionnistes, figées dans l’ultime étreinte d’un enfant mort. Des scènes d’une efficacité douloureuse, qui évitent de montrer le combat pour désigner les victimes, refusent pudiquement de dépeindre la violence pour mieux dénoncer ses effets.

Un propos universel et essentiellement féminin, que l’on songe aux femmes en noir des jours les plus sombres de Sarajevo, ou au propre drame de l’artiste à qui les deux conflits mondiaux enlevèrent successivement un fils et un petit-fils. «Plus jamais cette horreur», martèle Kollwitz, qui devait pourtant mourir sans même avoir vu la signature de l’Armistice.

Véronique Zbinden

Fondation Neumann, Pré-du-Château, 1276 Gingins : «Plus jamais la guerre; Käthe Kollwitz» ; jeudi-vendredi de 14 à 17h, samedi et dimanche de 10h30 à 17h. Jusqu’au 2 janvier 2000.



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