Michel Simon, le génie du sexe ou le sexe du génie?
Aux Halles de Sierre jusqu'au 31 octobre, Jean-Luc Bideau présente un spectacle intitulé «Grand Hôtel de l'Ours et des Anglais réunis». Un spectacle écrit et mise en scène par sa femme Marcella Salivarova, et consacré à Michel Simon, acteur et érotomane.
Aux Halles de Sierre jusqu’au 31 octobre, Jean-Luc Bideau présente un spectacle intitulé «Grand Hôtel de l’Ours et des Anglais réunis». Un spectacle créé il y a quatre ans à Genève, écrit et mise en scène par sa femme Marcella Salivarova, et consacré à Michel Simon, acteur et érotomane.
Un site industriel sierrois, récemment réhabilité en lieu culturel. Une palissade recouverte d’affiches où figure la belle trogne de Michel Simon, affiches usées, patinées, déchirées. Derrière, la salle, jonchée de feuilles mortes, avec au centre une estrade qui trône à plus de deux mètres du sol. En contre-plongée, la silhouette de Bideau… ou de Michel Simon, car parfois le doute s’instaure. Au fond à droite, une autre estrade encore plus haute, où «L’Orchestre du Grand Hôtel de l’Ours», en réalité les Genevois de la «Fanfare du loup», ponctue ou habille de thèmes connus et de paroles grivoises les propos de Bideau-Salivarova-Stehlé-Dumoulin-Simon.
Les propos de qui? Tentons de démêler l’écheveau. Marcella Salivarova a écrit ce monologue à partir de deux sources : la première, ce sont les souvenirs de Jean-Marc Stehlé, liquidateur de la propriété de Michel Simon à Noisy-Le-Grand, près de Paris. Jean-Marc Stehlé qui s’est retrouvé face à un gigantesque étalage de revues, de photos et de films que la morale paraît-il réprouve, ainsi qu’à une montagne d’objets érotiques, en particulier une très belle collection de godemichés. N’oublions pas que Michel Simon, qui suivit sa scolarité Rue Calvin, était un grand amateur de prostituées et rêvait d’ouvrir un musée de l’érotisme à Genève… Deuxième source : un texte, une nouvelle signée Michel Simon et retrouvée justement à Noisy-Le-Grand. Le comédien genevois en était-il vraiment l’auteur? Mystère. Quoi qu’il en soit, le héros de cette nouvelle, François Dumoulin, partage plusieurs traits avec Michel Simon, notamment sa misanthropie et son goût pour la nature. A tout cela s’ajoutent les images personnelles de Jean-Luc Bideau, qui croisa fugitivement l’interprète de Boudu, et en garde un souvenir inaltérable…
«La bouffonnerie est une philosophie », entend-on au début de la pièce. Jean-Luc Bideau et Marcella Salivarova le démontrent avec humour, et toutes ces voix se réunissent pour nous offrir un spectacle à la fois poétique et égrillard, où l’hommage à Michel Simon est incontestable. Michel Simon, immense de par ses excès, ou malgré eux, à chacun de choisir.
Bernard Léchot
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