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Montreux on the rocks

Une conférence de presse rock & jazz donnée à l'ombre du Cervin... swissinfo.ch

Défloré mardi par un pirate indélicat, le programme du 45ème Montreux Jazz Festival (1er – 16 juillet) a été commenté - faute d’être dévoilé - mercredi à la presse. On a donc parlé d’Arcade Fire, de Santana, de BB King, de Liza Minelli, de Quincy Jones, de Deep Purple ou de Coolio… à Zermatt!

A 1600 mètres, le soleil brille et l’air est frais. Mais largement moins frais que la douche froide à laquelle ont goûté les organisateurs du Montreux Jazz Festival (MJF), qui avaient organisé une conférence de presse en grande pompe ce mercredi en marge de la 4ème édition du festival «Zermatt unplugged»…

Or mardi après-midi, la quasi intégralité de leur programmation était envoyée aux quatre coins du Net. Un pdf non publié qu’un pirate est néanmoins parvenu à débusquer, semble-t-il. Mais à l’arrivée, pas de panique: avec cela, dans les médias, on parle de Montreux plusieurs jours d’affilée…

Montreux-Zermatt. D’un côté, les palmiers, le lac Léman et un festival à l’âge plus que respectable. De l’autre, le Cervin, les pistes de ski et un relativement nouveau venu sur le calendrier des festivals helvétiques. Point commun entre les deux stations: le prix de la coupe de champagne et les grands hôtels, davantage destinés aux banquiers en goguette qu’à votre épicier préféré.

Et un partenariat festivalier construit sur des «affinités», concrétisé dans la station valaisanne par la présence d’un bar baptisé «Montreux Jazz Boat», le temps de la manifestation.

 

Face à la presse, Thomas Sterchi, patron du «Zermatt Unplugged», ne cache pas son enthousiasme: «Le Montreux Jazz Festival, c’est un peu notre modèle», dit-il. Avant de souligner que si le MJF a permis de «faire exister Montreux sur la carte» (les Vaudois apprécieront), le contexte est différent pour Zermatt, d’ores et déjà célébrissime.

De son côté Claude Nobs rappellera que le rock à Zermatt, il en est à l’origine. C’est lui qui y fit monter Deep Purple juste après l’enregistrement montreusien de Machine Head, puis, dans la foulée, Pink Floyd, Led Zeppelin et quelques autres…

Rendez-vous des amis

Retour au 21ème siècle, un 21ème siècle qui ne renie pas les talents du 20ème. Deep Purple sera à Montreux pour fêter les 40 ans de «Smoke on the Water» avec un orchestre symphonique… et le claviériste historique Jon Lord à la console de mixage à la demande de Claude Nobs (16.7)!

BB King invitera une pléiade d’artistes sur la scène de l’Auditorium Stravinsky (3), après se l’être jouée façon club au Miles Davis Hall la veille (2). Carlos Santana rejoindra John McLaughlin en ouverture du festival (1er) , soit 40 ans après le disque légendaire, proposera un concert ‘normal’ le lendemain et rejoindra BB King le 3 juillet. Quincy Jones proposera quant à lui un concert original dont personne ne sait rien encore (13).

Bref, les fidèles sont là. «C’est une satisfaction pour moi, mais c’est surtout une satisfaction pour le musicien qui a l’opportunité de proposer quelque chose qu’il ne présentera pas dans le cadre d’une tournée mondiale. Santana et John McLaughlin, pour moi, c’est un événement extraordinaire», constate au micro de swissinfo le patron du festival, Claude Nobs.

 

Autres événements spécifiquement montreusiens: un hommage au producteur Tommy LiPuma (5) avec notamment George Benson, Diana Krall, Randy Crawford ou une soirée dévolue au label qui fonda le hip hop, Tommy Boy, avec Afrika Bambaata, Prince Paul, Coolio (15)… 

Il y a donc les soirées spécifiquement montreusiennes, voire «nobsiennes», et les concerts plus traditionnels, des très attendus Arcade Fire (10) à Paul Simon (14) en passant par Ricky Martin (6) ou Sting (11).

Recentrage et équilibrage

A partir du moment où les festivals, aujourd’hui, sont totalement tributaires des tournées en cours, en quoi réside donc la force d’un festival, sinon dans son pouvoir en matière de cachets? Comment ne pas être juste un festival parmi d’autres? «On essaie de sortir tous nos atouts à chaque fois. C’est vrai que le monde musical a changé, les tournées sont beaucoup plus planifiées,  il faut donc de la chance… et provoquer la chance», note Mathieu Jaton, secrétaire général du festival.

«Cette année, réalisez que Santana consacre trois jours à Montreux, les 1er, 2 et 3 juillet, des dates où il y a plusieurs festivals européens. Cela, c’est vraiment de l’amitié. Le cas d’Arcade Fire, même si il n’y a évidemment pas la même amitié qu’avec Carlos Santana, c’est  grâce à la réputation de Montreux à travers le monde, la qualité du festival, l’accueil des artistes que Claude a toujours cultivé, que cela a été possible», ajoute-t-il.

Beaucoup de stars, moins de découvertes et de choix ‘aventureux’, et une sorte de rééquilibrage entre les deux principales salles de la manifestation, l’Auditorium Stravinsky et le Miles Davis Hall, sont les caractéristiques de cette 45ème édition.

Cause de cette approche, la volonté de mieux rentabiliser les deux salles principales, et, dans cette perspective, leur apporter un prestige similaire – Liza Minelli, pour sa première montreusienne, chantera dans un Miles Davis Hall équipé de chaises et de tables  (15).

La programmatrice jusque là dévolue au Miles Davis Hall, chantre des musiques plus pointues, Lauri Immi, a quitté le bateau en 2010. «On n’est plus en concurrence entre les deux salles, alors qu’on l’était un peu auparavant. Maintenant, il y a osmose entre le haut et le bas», constate Claude Nobs, qui, en matière de programmation, collabore essentiellement maintenant avec Michaela Maitherth.

Un processus global amorcé dès 2007, selon Mathieu Jaton: «Un recentrage des activités sur les deux salles, auxquels s’ajoute le rôle important du Montreux Jazz Café, à Montreux, mais aussi dans le cadre de son développement international». Effectivement, les cafés labellisés gagnent en importance: après Genève, Sydney, Zurich, un Montreux Jazz Café ouvrira ses portes début 2012 à Paris, Gare de Lyon. Londres et New York notamment devraient suivre…

Bref. Le MJF bouge. Grandit. S’exporte. Quand Claude Nobs voit le «Zermatt unplugged» souffler ses quatre bougies, n’a-t-il pas par instant le regret de la simplicité des débuts par rapport au poids de la grosse machine actuelle? «J’aime bien venir à Zermatt, justement parce que c’est tout petit, dit-il. «Mais je n’ai pas à avoir de regret. Je peux me souvenir des grands moments du Casino, où tout a commencé. Et surtout réaliser à quel point c’est incroyable que ce festival ait continué ainsi, alors qu’au début on était juste une bande de copains, le son était affreux, la visibilité catastrophique, il y avait des entractes qui n’en finissaient pas. Et puis ça a marché! Ce sont de bons souvenirs, mais je ne regrette rien. Ce qui m’intéresse, c’est ce qu’on peut amener chaque année de nouveau.»

45ème. L’édition 2011 du MJF se tiendra du 1er au 16 juillet.

Budget: 21 millions de francs

Chiffres 2010 :

90 groupes payants

260 concerts et DJ gratuits

230.000 visiteurs

James Blake le 5 juillet au Miles Davis Hall.

Ziggy Marley, Youssou N’Dour et Alpha Blondy le 8 juillet à l’Auditorium Stravinsky.

Anna Calvi au Montreux jazz Café (date non communiquée).

Le film ‘Touch’ de Yello présenté par Dieter Meier et Afrika Bambaata le 13 juillet.

Patience. Le programme du Montreux Jazz Café et des scènes gratuites sera communiqué à la mi-juin.

En mouvement. Comme chaque année, le MJF vivra également dans des trains et des bateaux spéciaux (New Orleans Jazz Train, Salsa Boat, Brasil Tropical Boat).

«Jazz meets Classic:  Deux concerts prévus au Château de Chillon, autour de ‘stars’ liées à la région: l’un consacré à Tchaïkovski (7.7), l’autre à Paderewski (8.7).

Débranché. Dès sa création en 2008, Zermatt a joué la carte des concerts «débranchés», ou, plutôt, acoustiques.

Vedettes. Cette année, après Roger Hodgson, Naturally 7, Seal, Sina, James Walsh, Zermatt accueillera encore notamment David Gray, Marc Sway (14), OneRepublic, Duncan Townsend (15), Mandi Diao, Martin Jondo (16).

Audience. En 2010, le nombre de visiteurs s’était établi à 11.000. Cette année, les organisateurs visent les 15.000 festivaliers.

Budget. Le budget 2011 est de 2,5 millions de francs. L’objectif des ‘chiffres noirs’ est fixé à 2012.

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