Katie Melua, Polanski, Prince… bye-bye le 44ème!
Katie Melua a mis un terme en douceur à la 44e édition du Montreux Jazz Festival, qui se conclut sur un bilan positif. La présence de Roman Polanski , venu assister au concert de sa femme Emmanuelle Seigner, a fait pas mal de bruit… comme celle, en début de festival, d’un nouveau fidèle des lieux: Prince.
Branle-bas de combat à Montreux. Nuée de photographes devant l’entrée des artistes. Quelle star joue donc ce soir?
Non, c’est le mari de l’artiste, Emmanuelle Seigner, qui suscite tant de vagues… Un certain Roman Polanski, qui fait là sa première sortie publique depuis ses démêlés avec la justice suisse.
Rappelons que c’est lundi que la Suisse a annoncé qu’elle n’extraderait pas le réalisateur aux USA, comme l’aurait souhaité la justice américaine. Le réalisateur avait quitté le jour même son chalet de Gstaad.
Chanter, oui, mais…
Sous bonne escorte, Roman Polanski a gagné les loges pour assister au concert de sa femme, Emmanuelle Seigner. L’actrice, chanteuse depuis quelques années, avait déjà donné un concert au Montreux Jazz Café il y a deux ans. Mais là, l’Auditorium Stravinsky s’avérera clairement trop grand pour elle.
Joli clin d’œil à son mari, elle commence son concert par le thème du film «Rosemary’s Baby»… Mais la suite sera décevante. Si son groupe – trio rock guitare-basse-batterie – est efficace, Emmanuelle Seigner a beaucoup de difficulté à occuper la scène.
Manque de conviction, manque de présence, manque de précision vocale, elle ne parvient pas à faire passer son rôle de chanteuse, peut-être également à cause de textes qui ne poussent pas, comment dire, à l’engagement existentiel…
D’Emmanuelle à Katie
Mais pourquoi donc les comédien(ne)s, même remarquables, ont-ils ou elles tant de peine à apprivoiser le rôle de chanteur ou de chanteuse? Peut-être justement parce que ce n’est pas qu’un rôle…
Exit Emmanuelle Seigner et place à la vraie star de la soirée. Katie Melua, qui arrive sur scène en minirobe noire, avec dans ses bagages son nouvel album, «The House» (lire l’article «Katie Melua… être libre»).
Avec ce disque produit dans un registre plus «pop» que les précédents et le succès grandissant de l’artiste britannico-géorgienne, on pourrait s’attendre à un concert grand spectacle… Loin de là, Katie Melua a resserré les rangs de son groupe. Batterie, basse, clavier, guitare (le remarquable Luke Potashnick), pas d’emphase excessive ni de mégalomanie galopante.
Katie Melua reste Katie Melua, et si elle se permet quelques poussées joyeusement électriques («Perfect Circle», «God On The Drums, Devil On The Bass»), son spectacle est plutôt acoustique et intimiste.
Si l’ensemble est un peu lisse, Katie Melua demeure néanmoins la princesse des mots qui réchauffent le cœur des mâles au cœur sensible («If You Were A Sailboat», «I’d Love To Kill You»), et emmène son public tous sexes confondus dans des rêveries magnifiques («Red Balloons», «The House») avec une sensibilité et une maîtrise vocale totales.
N’en jetez plus. Si, encore une chose: en deux ans, la dame a appris à maîtriser ses sautillements un peu maladroits, et évolue désormais en scène avec une grâce indéniable…
Prince et le Lavaux
Si cette 44ème édition, côté coulisses, aura été marquée ce samedi par la présence de Roman Polanski, elle l’aura été également par la venue de Prince en tant que spectateur (il avait joué dans le cadre du festival en 2007 et en 2009).
Prince a débarqué le 6 juillet au Miles Davis Hall pour assister au concert de Janelle Monae, star américaine montante de la soul. Prince, fou du MJF?
En tout cas, lors de la conférence de presse finale du festival, vendredi, Claude Nobs a raconté que Prince avait demandé à jouer à Montreux une semaine avant l’ouverture de cette édition. «Nous avions imaginé le faire jouer le soir de la Coupe du monde de football après Keith Jarrett, mais il n’avait pas l’équipement nécessaire», a précisé le big boss du festival.
Claude Nobs a ensuite évoqué le nouvel album de Prince, «20TEN», dont l’un des titres est une ode… au Lavaux, cette région viticole, toute de coteaux en terrasses, qui s’étend de Lausanne à Montreux, région inscrite au Patrimoine culturel de l’Unesco en 2007. C’est suite à sa venue l’année passée que l’artiste de Minneapolis a eu semble-t-il le coup de foudre pour la région et composée sa chanson intitulée tout simplement… «Lavaux».
«Sur la route, par un temps magnifique, alors que j’étais allé le chercher à l’aéroport, Prince ne voulait pas rentrer tout de suite à l’hôtel et je lui ai donc proposé de visiter la région», a expliqué Simon Tomei, responsable des transports du festival, à l’ATS.
«Nous avons alors emprunté la sortie de Chexbres pour gagner Vevey par la route à travers les vignes». Et le chauffeur de préciser: «Je lui ai expliqué le label Unesco, les vins, l’étendue du vignoble. Il a montré un grand intérêt et pris des notes, me demandant d’épeler certains noms, dont Lavaux».
Le public suisse aura sans doute l’occasion d’entendre bientôt cette chanson en version live: Prince est attendu le 23 juillet pour un concert au Stade de Genève.
Quant à la 45ème édition du Montreux Jazz Festival, elle aura lieu du 1er au 16 juillet 2011…
Bernard Léchot, Montreux, swissinfo.ch (et les agences)
Géorgie. Katie Melua est née en Géorgie (ex-URSS) en 1984.
Irlande, Angleterre. Fille de médecin, contraint à se déplacer souvent, elle est passée par Moscou, Batoumi (Géorgie), Belfast dès l’âge de 9 ans, puis Londres. Elle obtiendra la nationalité britannique en 2005.
Mike Batt. Pendant ses dernières années de scolarité, elle suit les cours du Brit School for the Performing Arts. C’est là que le compositeur et musicien Mike Batt («Lady of the Dawn», «The Ride to Agadir») la remarque.
Trois albums. Il la signe sur son label «Dramatico». Trois albums vont naître: «Call of the search» (2003), «Piece by Piece» (2005) qui connaît un succès mondial notamment grâce à la chanson «Nine Millions Bicycles», et «Pictures» (2007).
Fin d’étape. Pour boucler cette trilogie, Katie Melua a publié une compilation «The Katie Melua Collection» (2008) et un album en public «Live at the O2 Arena» (2009).
The House. En 2010, elle publie «The House», suivi d’une tournée dont Montreux est l’une des premières étapes.
Polanski. Emmanuelle Seigner, née en 1966 à Paris, petite-fille du comédien Louis Seigner, est l’épouse du réalisateur Roman Polanski depuis 1989; ils ont deux enfants.
Actrice. Révélée au public par le film Détective (1985) de Jean-Luc Godard, elle tournera dans plusieurs films de Roman Polanski: Frantic (1988), Lunes de fiel (1992), La Neuvième Porte (1999). Dernier film en date: Chicas (2010) de Yasmina Reza.
Chanteuse. Elle s’est parallèlement tournée vers la chanson depuis 2005. Quatre albums à son actif, dont le dernier en date, «Dingue» est sorti en 2010.
Succès. La fréquentation du festival a dépassé les 200’000 spectateurs. 85% des billets ont été vendus par rapport à la capacité maximale.
Météo et foot. Si la météo aura sérieusement aidé les organisateurs – la canicule, ça donne soif -, le foot aura eu un effet contraire: la coupe du monde a eu un impact négatif sur la fréquentation du site lors de la première semaine.
Apaisement. Alors que l’édition 2009 s’était conclue par un coup de gueule de Claude Nobs, qui reprochait au canton de Vaud son désintérêt et son absence totale d’engagement pour la manifestation, la situation semble s’apaiser. «Nous avons la garantie que la ville de Montreux est derrière nous en cas de pépins et peut-être même le Conseil d’Etat du canton de Vaud», a-t-il constaté vendredi.
Soutien. A l’ouverture du Festival, Claude Nobs avait en effet annoncé que le MJF a déposé une demande de soutien financier auprès du canton de Vaud, et que celle-ci serait «sur la bonne voie».
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