
Paléo cède une fois de plus à la mode cubaine

A l'image d'un grand nombre de festivals en Europe, le Paléo festival de Nyon accorde une large place à la musique cubaine. Le public est aux anges. Mais les grands noms de la salsa sont encore ignorés.
Paléo l’a une fois de plus démontré, la «cubanomanie» continue de faire rage. Jeudi – jour anniversaire de la fête nationale cubaine- ses adeptes ont d’abord pu goûter au «son» rural de la Familia Valera Miranda, une famille de la province de l’Oriente. Ils se sont ensuite rués aux concert du Buena Vista Social Club, un grand orchestre regroupant au moins trois générations de musiciens, immortalisé par le cinéaste Wim Wenders.
Quant aux plus accros, ils ont pu suivre vendredi le concert de Francisco Repilado, alias Compay Segundo.
Le succès rencontré par ces stars renaissantes de la musique cubaine sanctionne un incontestable talent. Cela dit, l’engouement suscité par ce folklore musical n’est pas sans ambiguïté. Cette cubanofolie est en effet alimentée par toutes sortes d’ingrédients plus ou moins frelatés. La révolution castriste tout d’abord qui continue de susciter de forts courants de sympathie en Europe, alors que le bilan de ce régime dictatorial est plutôt désastreux.
Les charmes de l’îles (ses plages, son rhum et ses milliers de prostituées) contribuent également à perpétuer la ferveur cubanophile. A cela s’ajoute l’argument massue de certaines critiques musicales. La musique cubaine serait authentique. Elle serait même la source pure de la salsa réputée, elle, commerciale et américanisée.
Or, ce mythe d’une origine pure et authentique, qu’il concerne le son cubain ou l’ensemble des musiques du monde, n’est qu’un fantasme d’Européens en mal de racines. De plus, les différents genres de la musique cubaine sont eux-mêmes le produit d’un formidable métissage.
La salsa née à New York dans les années soixante représente simplement une nouvelle étape de ce processus sans fin. En outre, la saveur urbaine qu’elle a prise dans la mégapole américaine agrémentée d’influences de l’ensemble de l’Amérique latine n’est pas moins authentique qu’une charanga cubaine. Or la production toujours foisonnante de la salsa reste encore largement ignorée en Europe.
Paléo a certes invité l’année passée la cultissime Celia Cruz (qui a dû fuir l’île de Fidel Castro pour poursuivre sa fabuleuse carrière) et quelques autres pointures latines comme Tito Puente en 1997 ou Oscar D’Leon l’année d’avant. Cette année, le festival nyonnais a également fait venir La India.
Cette chanteuse originaire de Puerto Rico est un bon exemple du marché musical latin en pleine effervescence outre-atlantique. Mais sa vigoureuse prestation à Nyon jeudi soir n’offre qu’un reflet des multiples merveilles qui sortent ces dernières années aux Etats-Unis ou ailleurs sur le continent.
Frédéric Burnand

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