Peinture sous verre: reflets et image inversée

Le Musée suisse du vitrail à Romont expose un art proche de celui du peintre verrier: la peinture sous verre. Techniques et historique.

L’art de la peinture sous verre paraît magique. D’une part, il semble résulter d’une entreprise illogique: l’artiste est contraint de commencer par la fin, c’est-à-dire par les détails et les ombres, pour finir par les grandes lignes de son image. D’autre part, cet art se cache sous les miroitements du verre, pour mieux amener l’observateur à faire abstraction de son propre reflet, afin de s’immerger dans l’image.

Le Musée suisse du vitrail à Romont et le Museum in der Burg à Zoug, où l’exposition sera montrée à partir du mois de novembre, s’inspirent des recherches menées par Frieder Ryser pour offrir un vaste aperçu (plus de
80 œuvres) de cette peinture très particulière. La collection Ryser (qui compte 1100 pièces) est d’ailleurs largement mise à contribution, ainsi que celles d’autres privés et de musées.

Si l’accent est mis sur la peinture sous verre suisse, des pièces réalisées en Allemagne, en Espagne et même en Chine sont également visibles. L’évolution est ainsi retracée, d’une approche de peintres verriers à une approche plus picturale: la technique convenait à merveille aux artistes gothiques et maniéristes, qui utilisaient les chatoiements et les effets de lumière pour suggérer des sentiments mystiques.

A la fin du XVIIIe siècle, la peinture sous verre a été exploitée dans les ateliers populaires, afin de véhiculer des tableaux de dévotion religieuse ou du folklore local. Toujours prisée d’un petit nombre de collectionneurs séduits par sa fragilité et par la virtuosité que demande sa technique, la peinture sous verre révèle aujourd’hui ses charmes au grand jour.

Laurence Chauvy

Musée suisse du vitrail (au Château, Romont, tél. [phone]). Jusqu’au 5 novembre.