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Réfugiés en Suisse : témoignages du passé, reflets du présent

Dans le cadre d'une rétrospective consacrée à l'oeuvre du photographe suisse allemand Hans Peter Klauser, le Kunsthaus de Zurich présente une exposition intitulée «Die Schweiz und ihre Flüchtlinge», «La Suisse et ses réfugiés».

Dans le cadre d’une rétrospective consacrée à l’oeuvre du photographe suisse allemand Hans Peter Klauser, le Kunsthaus de Zurich présente une exposition intitulée «Die Schweiz und ihre Flüchtlinge», «La Suisse et ses réfugiés».

Hans Peter Klauser est un photographe relativement méconnu, né en 1910 à Herisau et décédé en 1989 à Zurich. Intéressé d’abord par une forme de réalisme poétique, il s’est rapidement pris de passion pour le reportage social. Paysans d’Appenzell, bergers d’Evolène, ouvriers de la métallurgie à Gerlafingen, ces photos-là, prises pour la plupart entre 1936 et 1944, racontent une Suisse sans beaucoup de confort, un environnement souvent dur, peut-être difficile, mais où chacun a apparemment trouvé sa place.

Impression toute autre avec la salle qui abrite l’exposition «Die Schweiz und ihre Flüchtlinge», qui propose des images de Hans Peter Klauser, mais également d’autres photographes. Ils étaient en effet plusieurs à cette époque à s’être plongés dans le monde des réfugiés et des internés. Et dans ce monde-là, plus personne n’est «à sa place». On voit une femme française, partageant une mince collation avec ses enfants sur un banc de la gare de Zurich, par un jour froid de 1941. On voit des juifs arrivant dans le village jurassien de Boncourt en 1945, la tête encore pleine de ce qu’ils ont vu à Buchenwald. On voit les trognes burinées de soldats russes, internés à Hemishofen en 1945. Sur certains de ces tirages, on a apposé un timbre qui dit brutalement : «publication interdite»…

Plusieurs vitrines présentent au visiteur des photos prises à Büren an der Aare, où un camp d’internement pour les soldats polonais avait été mis en place. Un lieu originellement nommé «camp de concentration». Il est des maladresses que l’Histoire rend difficiles à pardonner.

L’un des temps forts de cette exposition, c’est l’alignement de vingt-et-un portraits d’enfants, tous signés Hans Peter Klauser. Ce sont des jeunes Français: entre 1941 et 1942, la Suisse a accueilli 26 000 d’entre eux. Alors que par la télévision et les magazines, nous sommes aujourd’hui habitués au témoignage en couleur, le noir-blanc donne à ces portraits une touche «d’un autre temps». Et pourtant, ces images en évoquent d’autres, beaucoup plus récentes. Ces enfants engoncés dans des couches superposées de vêtements, ces enfants aux yeux trop grands, ces enfants qui sont là tout en étant encore ailleurs, ce sont des petits Français du début des années quarante. Peut-être ma maman, votre cousin ou votre grand-père. Mais c’est aussi le petit Kosovar arrivé ce printemps dans votre cité, ou le petit Tchétchène que nous verrons ce soir à la télévision.

Bernard Léchot

«Die Schweiz und ihre Flüchtlinge», à voir au Kunsthaus de Zurich jusqu’au 6 février 2000.


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