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Sublime Cléopâtre de Michel-Ange à Bienne

Cléopatre de Michel-Ange. swissinfo.ch

C'est la toute première fois que des œuvres originales de Michel-Ange, l'immense artiste toscan, sont exposées en Suisse.

Le dessin de la reine d’Egypte est sans doute la plus précieuse et la plus envoûtante des 59 œuvres exposées.

Après Atlanta et Rome, l’exposition fait escale à la Fondation Baula à Bienne.

La collection appartient à la Casa Buonarroti, le musée florentin dédié à l’œuvre de l’artiste italien, Michelangelo Buonarroti, dit Michel-Ange, peintre, sculpteur et architecte.

Le dessin tout en finesse de Cléopâtre trône au milieu de la principale salle assombrie du Musée Baula de Bienne. Il fut réalisé en 1535, au crayon, dans une dimension de 232 x 182 mm.

La grâce de Cléopâtre se lit dans son regard. Mais aussi dans sa coiffure qui éveille le désir, non sans rappeler que l’attirance peut engendrer la mort. Sa chevelure s’enroulant, tel un serpent, autour de son cou.

Face cachée de la reine

Et comme pour rappeler que toute chose est faite d’ombre et de lumière, l’envers du tableau révèle aussi une esquisse beaucoup moins aboutie de la reine Cléopâtre.

Le directeur du Musée Baula, Marco Borella, explique que le revers de la toile est demeuré caché durant plus de 400 ans, avant d’être redécouvert en 1988, lors d’une restauration de l’œuvre.

En parcourant cette exposition, on comprend mieux l’homme qui se cachait derrière l’artiste. Au travers notamment de la correspondance qu’il entretenait avec la poétesse Vittoria Colonna et Tommaso Cavalieri, ses deux amitiés particulières.

L’un de ses chefs-d’oeuvre

C’est d’ailleurs à ce dernier que Michel-Ange a offert son dessin de Cléopâtre, considéré comme «l’un des plus grands chefs-d’œuvre de la production graphique du Maître», rappelle Marco Borella.

Et s’il fallait encore souligner la valeur du tableau de Cléopâtre, l’histoire rappelle qu’en 1562, Tommaso de Cavalieri s’est trouvé contraint d’offrir l’œuvre de Cléopâtre au duc Cosimo I de Médicis.

Mais, dans le même temps, Cavalieri ne manqua pas d’accompagner le don d’une lettre, dans laquelle il affirmait que «se priver du dessin de Cléopâtre lui procurait autant de souffrance que la perte d’un enfant…»

Parcours autobiographique

Sinon, cette exposition d’esquisses et de lettres signées de Michel-Ange plongent le visiteur dans l’autobiographie de l’immense artiste. Jusqu’à la correspondance qu’il échangea, à près de 90 ans, avec son neveu préféré.

En effet, l’exposition retrace au travers de 59 œuvres originales la longue vie de Michel-Ange (1475-1564). Sa formation à Florence; ses déplacements à Carrare et Pietrasanta pour se procurer du marbre; et ses séjours à Rome avec sa glorieuse décoration de la Chapelle Sixtine.

Ainsi, le visiteur s’arrêtera sur quelques esquisses de bloc de marbre, avec annotations autographes datant de 1517. Puis, il contemplera le profil de la corniche pour la Bibliothèque Laurentine, avec vers autographes de 1527.

Ici encore, le Christ, la Vierge et les Saints jugent les béatifiés. Là, la lutte entre les anges et les damnés. Et, là encore, des anges qui annoncent, trompettes au vent, le Jugement dernier.

A ce sujet, il est intéressant de noter que, contrairement à toute tradition, c’est le moment précédant immédiatement le Jugement qui est représenté dans toute l’œuvre de Michel-Ange.

swissinfo/Emmanuel Manzi

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