Des perspectives suisses en 10 langues

Sylvie Fleury, de la cosmétique au cosmos

Bzzzzz, dit le 'Dragonfly - Every minute is Special' de Sylvie Fleury. Coll. de l'artiste

A Genève, le Musée d'art moderne et contemporain (Mamco) consacre à la plasticienne genevoise une exposition réunissant plus de 200 œuvres. Sculptures, photos, vidéo, installations... reflètent l'univers d'une artiste qui revisite le mythe de l'Espace et celui de la mode.

Un renversement des codes qui fait chuter les stéréotypes sexistes. On croyait donc la conquête de l’espace réservée à l’homme, et voilà que Sylvie Fleury s’en empare avec un réjouissant panache.

Elle aime planer, l’artiste genevoise, et c’est un bonheur que de la voir à bord de son petit avion-libellule, décidée à voler la vedette à Icare, fascinée qu’elle est par le néant.

Oui, «la fascination du néant», elle la revendique dans le titre de son exposition, la plus grande à ce jour, présentée au Mamco (Musée d’art moderne et contemporain), à Genève.

Deux cents pièces environ (tableaux, photos, installations, vidéo, sculptures…) superbement mises en valeur et réparties sur les quatre étages du musée. Honneur réservé en général aux plus grands. Et le mérite n’est pas ici usurpé, tant Sylvie Fleury a du doigté. Et du flair. Elle sait prendre le vent.

Car ce n’est pas seulement le mythe de l’Espace qu’elle revisite avec humour, mais aussi celui de la mode. Ce que revendique également l’autre titre de son exposition: «Paillettes et dépendances».

Dialogue avec la mode

Aux soucoupes volantes et innombrables fusées qui affichent, pointées vers le ciel, l’éclat de leur couleur (rouge, mauve, rose) et la variété de leur texture (résine, métal ou peluche), répondent donc des centaines d’accessoires qui habillent aujourd’hui les femmes. Objets fétiches, ils respirent l’air du temps: le culte de la personnalité.

Ici, un flacon de parfum surdimensionné et des dizaines de sacs aux griffes bien connues: Gucci, Chanel, Hermès, Lanvin, Prada… Là, des robes Yves-Saint-Laurent, là-bas encore d’immenses affiches reproduisant les pages de couverture des plus célèbres magazines people.

«Je ne travaille pas sur la mode, affirme Sylvie Fleury, je dialogue avec elle». Vision naïve? Pas du tout. Les installations de l’artiste ne copient pas la réalité, elles la commentent. D’une œuvre à l’autre, se profile une lecture à but social et environnemental.

Car hormis les accessoires qui définissent les canons de la beauté féminine, il y a ceux qui fixent les règles de la virilité: la Formule 1. Dans un esprit ludique, Sylvie Fleury confronte celle-ci à l’univers du beau sexe.

A ce jeu, le monde des hommes est vu comme un enfer. Cinq ou six voitures de course, entièrement cabossées, occupent tout le premier étage du musée. A leurs côtés, des rouges à lèvres et des ongles artificiels géants se tiennent droit et désœuvrés. Il faut croire que dans les coquetteries qu’elles s’offrent, les femmes sont moins dangereuses que leurs compagnons. Elles ont beau planer et risquer, comme Sylvie, leur vie dans l’air, elles savent redescendre sur terre.

Ainsi donc, bien ancrées au sol, des dizaines et des dizaines de chaussures attendent le visiteur. Deux vitrines, rien que pour les souliers de Sylvie Fleury, ceux qu’elle a portés chez elle à la maison ou dans son atelier, ou encore lors de ses multiples vernissages. Ils sont là, posés entre deux étages, à mi-chemin du cosmétique et du cosmos. Entre les deux, l’artiste navigue. Et c’est tout le charme de son exposition qui allie contraintes de beauté et rêve de liberté.

swissinfo, Ghania Adamo

«Paillettes et dépendances ou la fascination du néant». A voir au Mamco (Musée d’art moderne et contemporain), Genève.

L’exposition réunit 200 pièces (sculptures, tableaux, photos, installations sonores…) de l’artiste genevoise Sylvie Fleury.

Elle est née en 1961 à Genève où elle vit et travaille.

Elle fait son entrée publique dans le monde de l’art au début des années 1990 lors d’une exposition à la Galerie Rivolta à Lausanne.

Souhaitant présenter une œuvre « qui lui ressemblait », elle y expose la première vision de ses « shopping bags », sacs de boutique de luxe.

Son apparition sur la scène internationale se fait très vite. Elle expose en Suisse, en Europe, aux Etats-Unis, en Asie et participe à des manifestations internationales comme la Biennale de Sao Paolo.

Elle est surtout connue pour son regard ludique sur les phénomènes de société. Elle sait se jouer des codes et s’amuse à croiser les univers masculin et féminin.

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision