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Thorgal, le mariage du fantastique et du réalisme

Après avoir hanté les paysages nordiques pendant de nombreux albums, Thorgal a mis le cap au sud. «Le mal bleu», 25e épisode de la série, nous offre de nouvelles et terribles aventures, où rencontres extraordinaires et préoccupations du réel se mêlent.

Après avoir hanté les paysages nordiques pendant de nombreux albums, Thorgal a mis le cap au sud. «Le mal bleu», 25e épisode de la série, nous offre de nouvelles et terribles aventures, où rencontres extraordinaires et préoccupations du réel se mêlent.

«Dès la première édition du Festival de Sierre, j’ai été attiré, je suis tombé amoureux de la région, et finalement j’ai décidé d’être crédible dans ce que je dessine. Je déteste le mensonge. Donc si je dessine la nature, il faut que je la connaisse. Maintenant, quand je dessine des montagnes, je sais ce que c’est!», dit le Polonais Grzegorz Rosinski, qui habite le Valais depuis de nombreuses années.

Mais voilà que Thorgal change de paysages : après les brumes et les fjords du nord, il a accosté dans une île qui pourrait être grecque lors du 24e tome de la série, «Arachnea», et touche à ce qui ressemble à l’Afrique dans «Le mal bleu». Alors, l’imagination a-t-elle remplacé l’observation? «Pas du tout, on a passé Noël dernier en Afrique avec Jean Van Hamme, le scénariste. Quand je dessine, je m’intègre dans la matière des rochers, dans les feuillages des arbres. J’essaie d’éviter la superficie des choses, c’est la matière qui m’intéresse».

Rosinski, dessinateur du réel, pour une série qui, dit-on, relève de l’heroïc-fantasy, du fantastique, de la science-fiction et de l’épouvante. Ainsi, après avoir évoqué un monstre mi-araignée mi-femme dans «Arachnea», c’est une sorte de lèpre bleue qui est au coeur du nouveau Thorgal. «On essaie de tout faire pour décourager nos lecteurs, mais les gens aiment avoir peur», ajoute Rosinski en riant.

En réalité, le duo ne se limite pas à faire peur. Car derrière l’imagination débordante de Van Hamme et le dessin rugueux de Rosinski, il y a un discours, même si Rosinski prétend modestement qu’il ne faut pas «surestimer ce genre de BD». «Arachnea», en décrivant une île autarcique et théocratique, contenait indéniablement une critique de la religion «opium du peuple» et un hymne à la liberté. Dans «Le mal bleu», une épidémie foudroyante tue sauvagement ceux qui sont contaminés. Sida? Virus Ebola? La notion d’exclusion est également très présente, jusqu’à ce que l’album se conclue par la découverte d’un remède et la réintégration des parias.

Le réalisme ne se retrouve pas que dans ces grands thèmes, mais également, et malgré les apparences, dans les personnages principaux. Non seulement Thorgal vieillit, mais il est entouré de sa famille, sa compagne Aaricia, son fils Jolan, sa fille Louve, qui tour à tour sont au centre du récit. Ainsi, pour «Le mal bleu», le rôle du narrateur est dévolu à Jolan : changement d’angle, nouvel effet de réalisme. «C’est une famille, mise en situation de défendre des valeurs sûres, éternelles, très humaines, c’est ça qui est important pour moi : c’est un peu le reflet de ce que je suis par rapport à ma famille et à la société», dit Rosinski. Thorgal, de l’heroïc-fantasy ? Vous plaisantez!

Bernard Léchot

Thorgal, «Le mal bleu», par Rosinski & Van Hamme, aux Editions du Lombard

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