Tramlabulle: BD et Prix Nobel à l’affiche!

Quand Albert Gobat rencontre les Tuniques bleues. Ed. Dupuis

Tramelan, dans le Jura bernois, vit à l'heure de son 6e festival de bande dessinée.

Et profite de l’occasion pour saluer la mémoire de l’un de ses citoyens, Albert Gobat, Prix Nobel de la Paix en 1902.

Le festival «Tramlabulle» a pour priorité de présenter les connexions entre bande dessinée et multimédia. Il ne dérogera pas à la règle cette année.

Plus étonnant peut-être: une exposition retraçant le thème de la paix dans la bande dessinée. Pourquoi cette thématique? Parce qu’il y a cent ans, le Tramelot Albert Gobat recevait le Prix Nobel de la Paix. Rien que ça. Or qui, aujourd’hui, connaît encore le nom d’Albert Gobat?

Un politicien bernois aux idéaux internationaux

«C’est un illustre inconnu pour 99% de la population», constate Pierre-Alain Kessi, patron de Tramlabulle. Et pourtant, juste après Henri Dunant en 1901, c’est l’un des rares Suisses à avoir obtenu le Nobel de la Paix.

Albert Gobat, fils de pasteur, fut le deuxième secrétaire général du «Bureau international de la Paix», fondé en 1891 à Berne, et dont le siège se trouve aujourd’hui à Genève.

Il succédait alors à un autre Suisse, Elie Ducommun, qui reçut également le Prix Nobel en 1902. Il sera également le directeur de cette institution de 1911 à 1914.

Sur un plan international, il fut également le premier secrétaire général de l’Union interparlementaire, organisation internationale des Parlements des Etats souverains, créée en 1889, et également basée à Genève.

Pourquoi le souvenir de ce personnage est-il donc aujourd’hui si discret? «Sinon par ce Prix Nobel, ce n’est pas un personnage qui a été très reconnu. C’était un politicien, qui a été 28 ans conseiller d’Etat pour le canton de Berne, et conseiller national», constate Pierre-Alain Kessi.

«Il s’est occupé de la création de la DIP, la Direction de l’instruction publique, et a eu une activité au niveau de la formation et des écoles… Evidemment, ce ne sont pas des hauts faits qui l’ont propulsé au sommet de l’actualité!!»

Si l’on pense au retentissement qu’a eu le Nobel de la Paix pour certaines personnalités, qu’il s’agisse d’Albert Schweitzer, de Martin Luther King, de Lech Walesa ou de Mère Teresa, on se dit que les Tramelots ne sont pas les champions du marketing…

«C’est une évidence. On ne sait pas assez se mettre en avant, on reste trop modeste!», constate Pierre-Alain Kessi en riant.

Des bureaux internationaux au 9e Art

Retour à Tramlabulle… «On a eu l’idée de préparer une exposition qui traite de la paix, de façon générale: ça peut être la paix démilitarisée, la paix des ménages ou celle des âmes!» explique Pierre-Alain Kessi.

Alors, en 28 tableaux, les époques et les genres se mêlent, de Robert Crumb à Gérard Lauzier en passant par Franquin.

Le parcours et les idéaux d’Albert Gobat sont également présentés au travers du travail que les organisateurs ont demandé à un jeune scénariste-dessinateur suisse, Reto Gloor.

Sinon, pour cette édition 2002, Tramlabulle accueille environ 25 scénaristes et dessinateurs français, belges et suisses.

Parmi eux, citons Eric Buche («Franky Snow», Vincent Muraz), Raoul Cauvin («Les Tuniques bleues», «Agent 212», «Pierre Tombal») ou encore Philippe Widenlocher («Nabuchodinosaure», «Achille Talon», «Coyote Bill»).

Les visiteurs pourront aussi participer à des ateliers de création, à des animations vidéos ou encore assister à des concerts.

swissinfo/Bernard Léchot

Tramlabulle, au CIP de Tramelan, du 13 au 15 septembre.