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Un duo pour le Centre culturel suisse de Paris

Pro Helvetia

Jean-Paul Felley et Olivier Kaeser dirigeront le Centre culturel suisse de Paris. Les deux historiens d'art ont créé l'espace «attitudes» à Genève. Pour Pro Helvetia, c'est un changement dans la continuité: les arts plastiques restent le point fort, mais non exclusif.

Nouveau tour de manège pour le Centre culturel suisse de Paris: après plusieurs crises lors du mandat de Michel Ritter, décédé en 2007, et une remise en question même de son existence, il va cet automne pouvoir commencer une nouvelle ère.

Pour la première fois depuis son ouverture, en 1986, Poussepin (du nom du bâtiment qui abrite le centre) sera dirigé par deux personnes, choisies mercredi lors d’une séance de 5 heures, a précisé jeudi devant les médias à Zurich le président de Pro Helvetia Mario Annoni.

«Jean-Paul Felley et Olivier Kaeser nous ont présenté une vision très claire de ce qu’ils entendent réaliser. Ce sont des visionnaires, des expérimentateurs, bourrés d’énergie et bénéficiant de solides réseaux artistiques en Suisse et à l’étranger», a expliqué le président.

Fondateurs en 1994 de l’espace d’arts indépendants «attitudes» à Genève, Jean-Paul Felley (42 ans, valaisan d’origine) et Olivier Kaeser (45 ans, genevois) ont reçu en 1995 et 2002 le Prix fédéral des médiateurs d’art de l’Office fédéral de la culture.

Rapport interne sur Poussepin

Mario Annoni a encore noté que les deux candidats avaient séduit par leur méthode de travail. «En 20 ans de travail commun, ils n’ont semble-t-il pas connu de crise. C’est une expérience heureuse! Et les deux élus démontrent un engagement personnel constant.»

La procédure de choix a été longue et approfondie, reconnaît Mario Annoni. «Un bon départ commence par une bonne élection!», a-t-il dit à swissinfo. Ainsi, les candidats ont été choisis lors de trois phases d’élection.

Mais auparavant, Pro Helvetia avait commandé un rapport interne sur le Centre de Paris (dont le budget est de 2 millions de francs par année), sur son maintien ou non, ou son éventuelle transformation en simple bureau de liaison. «La conclusion était claire: la qualité du travail accompli à Paris est indéniable, et la diffusion des œuvres suisses dans la capitale française correspond à un besoin.»

Changement dans la continuité

Jean-Paul Felley et Olivier Kaeser travailleront en «job-sharing», ne coûtant rien de plus qu’un poste classique à 100%. Selon eux, être deux est un plus: «La compréhension qui nous lie nous permet d’aller plus loin», dit le premier.

C’est un changement dans la continuité, a commenté Mario Annoni, puisque les arts plastiques resteront le point fort, comme sous l’ère du précédent directeur Michel Ritter. «Mais ce n’était pas un critère», a ajouté le président.

Arts visuels «élargis»

Les nouveaux directeurs entendent s’ouvrir à d’autres domaines de l’art, tels que l’architecture, la danse ou le théâtre. «Nous partons des arts visuels élargis, dit Jean-Paul Felley, et l’enrichissons, car le discours sur l’art contemporain est vite fermé sur lui-même.»

Le duo compte nouer des partenariats, «travailler avec des familles d’artistes, ou des thèmes». «Nous voulons aussi utiliser au maximum les liens entre la Suisse et Paris», annonce Jean-Paul Felley, qui «aime bien parler de métissages».

«Côté helvète fort»

Ce «côté helvète fort» a aussi plu à Pro Helvetia, a admis Mario Annoni, qui ne craint pas de clivage Alémaniques-Romands. Les deux élus connaissent bien les artistes alémaniques.

Pro Helvetia ne voit en outre aucun inconvénient à ce que le duo «s’oxygène» de temps en temps et monte des projets artistiques propres ailleurs. «Cela nourrira notre travail mais, puisque nous sommes à 50%, c’est aussi, tout simplement, nécessaire», disent-ils, se complétant l’un l’autre.

Après les débats politiques parfois violents de ces dernières années, le duo ne craint-il pas l’exposition médiatique et politique? «L’art doit susciter des réactions et des discussions, répond Olivier Kaeser. Cela ne nous gêne pas. Et cette exposition plus grande est compensée par de nouvelles possibilités de faire notre travail.»

Le duo prendra ses fonctions le 1er octobre prochain. Le centre «attitudes» fermera au terme de l’année 2008, mais l’association du même nom, avec son programme éditorial, sera maintenue.

swissinfo, Ariane Gigon, Zurich

Situé au cœur du Marais historique, dans l’Hôtel Poussepin, le Centre culturel suisse (CCSP) a d’abord été dirigé par Otto Ceresa (1986-1988). Walter Düggelin lui avait succédé (1988-1990), puis Daniel Jeannet (1990-2002) et Michel Ritter (2002-2007).

Créée en 1939 par le Conseil fédéral, la Fondation Pro Helvetia soutient de manière subsidiaire des artistes professionnels suisses ou domiciliés en Suisse, et donne la priorité à la création culturelle contemporaine

Tous les quatre ans, la Confédération attribue un crédit-cadre à Pro Helvetia. Le crédit que le Parlement a voté pour la période 2008-2011 s’élève à 135 millions de francs (137 millions pour la période précédente).

Pro Helvetia compte 62 postes à plein temps (75 en 2004) dont 19 à l’étranger, répartis entre Zurich, Paris, Varsovie, Le Caire, Le Cap et New Delhi, avec des collègues associés à Rome et à New York.

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