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Vieux patois romands remis en lumière

Des mots qui font revivre le passé (Carte postale du village jurassien de Vevy, image tirée du site lasophe.com) swissinfo.ch

Les Archives phonographiques de l'Université de Zurich sortent 347 anciens échantillons sonores de patois sous formes de CD.

Les lecteurs ou diseurs des dix enregistrements de patois romands nous plongent dans le langage parlé d’il y a des décennies.

Dans la foulée de son centième anniversaire, en 1999, et à l’heure de la reproduction numérique sur CD, le ‘Phonogrammarchiv’ de Vienne lance la publication complète de ses Collections historiques 1899-1950.

347 enregistrements sont suisses et dix d’entre eux sont romands. Le canton du Jura est le plus représenté avec six échantillons datant de 1922. Il est d’ailleurs le seul canton romand qui appartienne complètement à la langue d’oïl.

Les quatre autres enregistrements romands sont des variétés de la langue franco-provençale, qui était parlée dans la majeure partie de la Suisse romande. Les deux plus anciens datent de 1913 et proviennent des localités de La Brévine et du Locle.

La Suisse rurale

D’un point de vue scientifique, ces documents donnent un accès immédiat à la Suisse rurale du début du vingtième siècle.

Ils sont les représentants tangibles d’une dizaine de patois de Romandie, aujourd’hui disparus, dans les cantons de Neuchâtel, Genève et Berne; ou menacés d’extinction pour ce qui est du canton du Jura.

Ils offrent à la recherche des échantillons des parlers traditionnels avec leurs intonations. Raphaël Maître, linguiste et doctorant au Centre de dialectologie de l’Université de Neuchâtel, a préparé les matériaux romands pour la publication.

«Si les cantons de Fribourg et du Valais ne sont pas représentés dans la collection, c’est que, au moment des enregistrements, les idiomes de ces régions jouissaient encore d’une grande vitalité».

Vienne à l’origine

Tout est parti de l’Académie Impériale des Sciences de Vienne qui, en 1899, invente un nouveau phonographe. Celui-là dépasse le modèle d’Edison de 1877 par sa capacité de dupliquer les disques originaux sans les détériorer.

Ambition des concepteurs: immortaliser dans des disques de cire toutes les langues de la planète. Ainsi sont nées les premières archives sonores au monde.

En 1909, les contacts entre Vienne et la Suisse aboutissent à la fondation des Archives phonographiques suisses, aujourd’hui Archives phonographiques de l’Université de Zurich. Notamment par le biais de Louis Gauchat, fondateur du Glossaire des patois de la Suisse romande.

Une anthologie des patois

Les 347 enregistrements helvétiques sont répartis en trois coffrets, soit douze CD audio. Chaque coffret comprend un CD-ROM reproduisant l’intégralité des transcriptions phonétiques originales.

Les livrets retracent, eux, l’histoire pleine de rebondissements de la collaboration austro-helvétique.

Ils décrivent les enregistrements sous les angles technique et linguistique, expliquent les procédures d’enregistrement complexes et délicates, et de transcription.

On peut se procurer l’ensemble des enregistrements suisses ou uniquement le coffret des patois de Suisse romande, italienne et romanche, aux Archives phonographiques de Zurich.

swissinfo/Emmanuel Manzi

Phonogrammarchiv der Universität Zürich, Freiestrasse 36, 8032 Zürich.
Tél.: 01/634 39 90/76, email: kontakt@paz.unizh.ch.

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