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Mustafa Atici au gouvernement de Bâle-Ville, un signal pour la Suisse

Mustafa Atici, après l'annonce des résultats confirmant son élection, le 7 avril 2024 à Bâle.
Mustafa Atici, après l'annonce des résultats confirmant son élection, le 7 avril 2024 à Bâle. KEYSTONE / PETER KLAUNZER

Quarante pour cent de la population suisse est issue de l'immigration. En politique, ce groupe de personnes est nettement moins bien représenté. L’élection de Mustafa Atici à l’exécutif du canton de Bâle-Ville marque toutefois une évolution.

Pour la première fois, un politicien issu de l’immigration a été élu au gouvernement de Bâle-Ville ce dimanche. Mustafa Atici est kurde d’origine, âgé de 54 ans. Il est arrivé de Turquie en Suisse à l’âge de 23 ans. «Je suis sûr que mon parcours a encouragé de nombreuses personnes dans toute la Suisse», relève-t-il.

Peu représenté au Parlement

L’élection du politicien socialiste est une première qui a valeur de signal pour toute la Suisse, car les personnes issues de l’immigration sont toujours nettement sous-représentées en politique.

Au Conseil national (Chambre basse du Parlement) et au Conseil des États (Chambre haute), environ 5% des politiciennes et politiciens sont issus de l’immigration. Pourtant, selon l’Office fédéral de la statistique, environ 40% de la population résidant en Suisse est issue de l’immigration. Environ 14% de ces personnes sont naturalisées, elles peuvent donc voter, élire ou occuper un poste politique.

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La socialisation joue un rôle

Les sondages montrent également que la participation des personnes issues de l’immigration aux élections est 12% plus faible que celle des Suisses qui n’ont pas d’origines migratoires.

D’où vient cette différence? D’une part, il y a des raisons individuelles, explique Anita Manatschal, professeure de politique migratoire à l’Université de Neuchâtel.

«La socialisation politique joue un rôle important, par exemple par le biais du foyer familial ou de l’école», constate-t-elle. Si les parents sont plutôt actifs politiquement, leurs enfants le sont souvent aussi, poursuit la professeure. Elle remarque que chez les personnes issues de l’immigration, cette socialisation est souvent moins forte.

En outre, l’accès à l’information politique est plus difficile, par exemple parce que les connaissances linguistiques nécessaires dans une langue nationale font défaut, explique Anita Manatschal. Il y a en outre des raisons structurelles: «Dans l’esprit de beaucoup de gens, ce sont surtout les Suisses de souche qui peuvent devenir politiciens ou politicennes.»

Effet de la longueur de la procédure

Selon Anita Manatschal, ce phénomène est également lié aux lois existantes. Elle fait référence à la loi sur la naturalisation relativement restrictive en Suisse. Une naturalisation dure en général plus de dix ans. Les résultats de la recherche montrent que cette longue période d’attente ne conduit pas à une meilleure intégration politique, mais qu’elle cimente plutôt l’image d’une population indigène homogène.

Mustafa Atici est venu en Suisse pour étudier l’économie et a rapidement ouvert son premier kebab. Aujourd’hui, le restaurateur emploie une trentaine de personnes et gère plusieurs stands de nourriture dans le stade de football de Bâle. Mustafa Atici continuera-t-il à vendre des kebabs en tant que conseiller d’État? C’est du passé, dit-il.

Adaptation de l’allemand avec Deepl/kro

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