Des menaces suisses de rétorsion à l’OIT en partie entendues
La Suisse a menacé de priver l'OIT à Genève de 4,7 millions de francs d'économies pour cette année et 2026, sous la forme de suspension du remboursement d'un prêt. Mardi, certaines de ses préoccupations ont semblé avoir été entendues.
(Keystone-ATS) Au début de la réunion du Conseil d’administration de l’Organisation internationale du travail (OIT) il y a une semaine, le directeur général Gilbert Houngbo n’avait à nouveau pas caché que la situation financière de l’institution est «sans précédent». Il y a quelques mois, il avait affirmé que les coupes américaines avaient abouti à environ 200 postes biffés sur 3500.
Mais près de 300 emplois supplémentaires pourraient être supprimés. L’organisation explore plusieurs pistes, y compris des délocalisations. Lors d’une discussion il y a quelques jours devant le Conseil, la cheffe des affaires internationales du travail au Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO), Valérie Berset Bircher, a mis en garde l’institution.
Les fonctions de siège doivent être maintenues. Dans le cas contraire, «la Suisse ne sera pas en mesure de suspendre le remboursement du prêt pour 2025 et 2026» pour la rénovation du bâtiment de l’OIT, avait-elle affirmé. «Ce qui représente 2,35 millions de francs par année», dit-elle. De même, la Suisse ne peut soutenir «d’éventuelles délocalisations» sans une analyse rigoureuse et chiffrée du rapport entre coûts et avantages financiers et opérationnels.
«La fragmentation du siège et la délocalisation de départements politiques sont contraires aux objectifs d’efficacité», estime l’ambassadrice. La Suisse redoute des coûts supplémentaires, «alors que l’organisation fait face à un manque de liquidités».
«Affiner»
«Nous devons encore affiner» d’éventuelles délocalisations discutées pour faire des économies, a admis mardi M. Houngbo. Sans préjuger s’il donnera raison à la Suisse ou non sur le contenu.
Du côté des employeurs aussi, la menace suisse semble avoir été entendue. «C’est une importante économie» qui est faite grâce à la suspension du remboursement du prêt, a affirmé le vice-président du groupe.
Mardi soir, après de nouvelles longues heures de négociations, les membres du Conseil d’administration n’ont toujours pas réussi à approuver une décision pour donner au directeur général le mandat de préparer la réforme de l’institution. Des scénarios sont sur la table, avec un budget à croissance nominale nulle pour 2026 et 2027 ou avec une réduction de 15 à 20%. Et pour faire face à la crise de liquidités, des pistes sont explorées, dont des coupes, un gel des embauches, une diminution des dépenses pas liées au personnel ou encore des délocalisations.