Deux motions populaires pour le climat rejetées à Fribourg
Les députés fribourgeois ont refusé mardi deux motions populaires liées à la politique climatique, en suivant l'avis du Conseil d'Etat. Leurs auteurs proposaient de "corriger deux lacunes" dans la loi cantonale sur le climat de juin 2023, dont une mention de sortie des énergies fossiles.
(Keystone-ATS) Les deux motions ont été rejetées 57 voix contre 33 et 1 abstention ainsi que par 63 voix contre 28 et 4 abstentions. La première motion demandait aux autorités cantonales d’organiser une sortie échelonnée des énergies fossiles, la seconde une évaluation «externe et indépendante» de la politique environnementale fribourgeoise.
Les textes présentaient respectivement 468 et 489 signatures, récoltées en 2024, alors que 300 paraphes étaient requis. Emanant de l’Union syndicale fribourgeoise, de la Grève du climat, des Parents pour le climat et des Grands-parents pour le climat, ils voulaient améliorer rapidement le contenu de la loi sur le climat (LClim).
Recul en cours
Le Conseil d’Etat, via son président Jean-François Steiert, a répondu que la politique énergétique est une compétence partagée entre Confédération et cantons. Certes, la Suisse a soutenu les recommandations internationales visant à éliminer progressivement l’utilisation du charbon, du pétrole et du gaz d’ici à 2050.
Mais aucune disposition contraignante n’a encore été intégrée à la législation nationale. La LClim fixe déjà des objectifs «ambitieux» en matière de réduction des émissions et de développement des énergies renouvelables. «Des trajectoires de réduction sont en place», a rappelé le gouvernement.
Notamment dans les secteurs du transport, du bâtiment, de l’industrie et de l’agriculture. De plus, le canton de Fribourg limite l’installation de nouvelles chaudières fossiles dans les bâtiments, comme le préconise le MoPEC (pour modèle de prescriptions énergétiques des cantons).
Pas nécessaire
Fort de ces constats, Jean-François Steiert n’a pas jugé nécessaire d’ajouter un nouvel alinéa à la loi cantonale. «Les mesures existantes suffisent pour garantir une décarbonation progressive du canton et que les futurs ajustements se feront au travers du plan climat cantonal», a relevé le ministre de l’environnement.
Les motionnaires espéraient pour leur part une reconnaissance formelle de la sortie des énergies fossiles dans la législation cantonale. «Fribourg doit accomplir sa part de lutte contre le réchauffement climatique et la préservation d’une Terre viable», estimait leur texte.
Vérifications
Quant à l’évaluation «externe et indépendante» de la politique environnementale, tous les cinq ans, elle aurait dû servir à vérifier «si les mesures arrêtées sont suffisantes pour réaliser les objectifs fixés dans la loi, évaluer l’efficacité des mesures prises et identifier les politiques publiques nuisibles au climat».
Pour mémoire, la LClim, adoptée à une large majorité par le Grand Conseil, donne un cadre légal à la politique climatique du canton. Il fixe des objectifs cantonaux en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre, de séquestration du CO2 et d’adaptation aux changements climatiques.