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Dinotopia, ou l’utopie de l’ailleurs

James Gurney et «Waterfall City» swissinfo.ch

La Maison d’Ailleurs, à Yverdon-les-Bains, expose les toiles de James Gurney et se penche sur le thème des «mondes perdus».

L’hiver dernier, les téléspectateurs francophones ont pu découvrir sur une chaîne française la fresque «Dinotopia», une mini-série dérivée d’un roman publié en 1992 et signé par l’auteur et illustrateur américain James Gurney.

Car avant d’être la plus grosse production de l’histoire de la télévision, avec un budget de 80 millions de dollars, «Dinotopia» est un immense succès de librairie: les livres de James Gurney ont été publiés en 18 langues, dans 32 pays.

L’exposition que le Smithsonian’s natural history Museum de Washington lui a consacrée en 2002 a drainé 400.000 visiteurs! C’est dire la popularité américaine de Gurney.

La Maison d’Ailleurs, musée passionné par la double thématique de l’ailleurs et de l’utopie, ne pouvait donc que se pencher, un jour, sur le phénomène.

Double voyage

«C’est ce double voyage vers un passé mythique qui m’intéresse. Le retour au 19e siècle, avec un type d’illustration qui coïncide avec cette époque, et le retour vers le monde de l’enfance. Un monde où les monstres terribles sont gentils, et où les trésors nous attendent à chaque coin de rue», explique Patrick Gyger, directeur de la Maison d’Ailleurs.

Dinotopia… Le nom d’une île perdue, que deux jeunes gens découvrent par hasard. Un monde où une société humaine, multiculturelle, vit en harmonie avec la race des dinosauriens – même si quelques carnataures restent de véritables menaces.

Dinotopia, c’est la fusion des deux passions de James Gurney: les dinosaures et les cités perdues. Avec comme originalité une démarche inversée par rapport aux récits habituels du genre. Gurney qui a fait le déplacement dans la petite cité vaudoise.

«Dinotopia est une utopie. Mon but était d’inventer une civilisation où les dinosaures sont civilisés, ont leur propre histoire, leur propre système d’écriture et de communication. Dans Dinotopia, ce ne sont pas les humains qui domestiquent les dinosaures, mais les dinosaures qui ont domestiqué les humains», souligne l’auteur.

La peinture en guise de fenêtre

La peinture de Gurney, on l’a dit, renvoie elle-même à un autre temps: «J’essaie de rendre mes toiles les plus réalistes possible, de façon à ce qu’elles soient des sortes de fenêtres, ou de portes, pour entrer dans le monde en question», explique-t-il.

Et d’ajouter: «Mes références, c’est l’âge d’or des illustrateurs américains: Norman Rockwell, Howard Pyle. Mais aussi les peintres académiques européens de la fin du 19e siècle, des peintres français, ou l’Anglais Alma-Tadema».

Alors il mélange Venise et les chutes du Niagara pour créer «Waterfall City», l’Arizona et le Mexique pour inventer telle autre cité. «Dans le cadre du fantastique, il est difficile d’imaginer des choses plus extraordinaires que ce qui existe», constate-t-il avec un certain goût pour le paradoxe.

Mais le réel le passionne également: il collabore régulièrement avec des paléontologues et des archéologues.

D’ailleurs, grâce à la revue National Geographic, pour laquelle il a travaillé, James Gurney a participé à plusieurs fouilles, notamment en Italie et en Palestine. «L’enthousiasme qu’on ressent lors de mises à jour archéologiques, c’est ce que j’ai essayé d’insuffler à Dinotopia».

Les mondes perdus

A Yverdon, deux salles sont consacrées aux toiles de James Gurney. Le parterre, lui, évoque de façon plus générale les «mondes perdus».

«Ce thème est devenu très important à la fin du 19e siècle, constate Patrick Gyger. Les grandes explorations avaient eu lieu, mais on pouvait encore imaginer des espaces encore inconnus, que ce soit sous la surface du globe – la terre creuse – ou au fin fond de l’Amazonie, de l’Afrique ou de l’Antarctique».

Alors que fougères, plantes exotiques, ruisseau et dinosaures envahissent l’espace, on se faufile dans cette végétation venue d’ailleurs pour découvrir moult affiches qui nous rappellent à quel point le fantasme du monde perdu est omniprésent dans le cinéma et la littérature fantastiques.

De l’Atlantide à Godzilla, de King-Kong à Jurassic Parc, défilent les forêts touffues, les cavernes profondes, les îles improbables, les créatures monstrueuses…

Les créatures monstrueuses et leur contrepoint: car que serait «Un million d’années avant J.C.», du Britannique Don Chaffey, sans la fourrure aussi kitsch que minimaliste de Raquel Welch?

swissinfo, Bernard Léchot

– L’exposition «Dinotopia et les Mondes Perdus» est à voir à la Maison d’Ailleurs, à Yverdon-les-Bains, jusqu’au 18 janvier 2004.

– «Dinotopia» est dû à l’auteur et illustrateur américain James Gurney. Succès de librairie (32 pays, 18 langues), son récit a donné lieu à une mini-série télévisée au coût monumental: 80 millions de dollars environ.

– De nombreuses toiles sont exposées à Yverdon.

– Parallèlement, la Maison d’Ailleurs s’intéresse à la thématique des «mondes perdus» en proposant une vaste collections d’affiches et de photos de cinéma.

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