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La Suisse s’accroche au titre de premier centre mondial de gestion de fortune offshore

Une personne ouvrant un coffre de banque
Une plus grande proportion de la richesse mondiale est transférée à Singapour et à Hong Kong. Post@gaetanbally.ch

Les ultra-riches continuent de placer une plus grande partie de leur fortune en Suisse que dans n'importe quel autre pays, même si Hong Kong et Singapour comblent rapidement leur retard sur le pays alpin.

L’année dernière, les banques suisses ont géré 2400 milliards de dollars (2100 milliards francs suisses) d’actifs appartenant à des personnes étrangères fortunées, selon le dernier Global Wealth Report publié chaque année par le Boston Consulting Group (BCG). Hong Kong reste le plus proche rival de la Suisse avec un secteur pesant 2200 milliards de dollars, tandis que Singapour se rapproche rapidement avec 1500 milliards de dollars d’actifs transfrontaliers sous gestion.

Il y a un an, BCG prévoyait que Hong Kong dépasserait la Suisse en tant que premier centre mondial de gestion de fortune offshore d’ici à la fin de 2023. Cette prévision a été repoussée à 2025. La Chine ayant imposé un strict verrouillage de son marché, la majeure partie de l’année dernière, en raison du Covid, les flux anticipés de richesses du pays vers Hong Kong ne se sont pas concrétisés.

L’une des principales raisons de ce retard est le ralentissement de la croissance des actifs chinois ainsi que les sorties d’actifs vers Singapour, qui se positionne comme un «havre de sécurité», étroitement aligné sur l’Occident, souligne Michael Kahlich, partenaire de BCG Zurich et co-auteur de l’étude.

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Au niveau mondial, les opérations bancaires transfrontalières sont actuellement en plein essor face aux incertitudes politiques et économiques, à l’instar de la guerre en Ukraine, et à l’inflation mondiale galopante. Selon le BCG, 12’000 milliards de dollars de richesses ont ainsi franchi les frontières nationales l’année dernière. «Les tensions géopolitiques et d’autres forces macroéconomiques ont incité de nombreux investisseurs à déplacer leurs actifs», relève Michael Kahlich.

Turbulences bancaires

Selon le Global Wealth Report, la Suisse a enregistré une augmentation de 4,1% de la richesse transfrontalière provenant des marchés émergents par rapport à 2021 et de 2,3% de celle provenant des économies développées.

Mais d’autres places financières se révèlent être un aimant plus puissant pour les actifs offshore. Au cours des cinq prochaines années, le BCG prévoit une augmentation annuelle de 9% des actifs offshore comptabilisés à Singapour et de 7,6% à Hong Kong, contre 3% en Suisse. Les centres asiatiques remettraient ainsi en cause la domination de la Suisse.

Le secteur bancaire suisse s’adapte actuellement à l’effondrement de Credit Suisse en mars. Les riches clients de cette banque ont retiré 110 milliards de francs suisses au cours des trois derniers mois de 2022 et 60 milliards de francs suisses supplémentaires au cours du premier trimestre 2023.

Un rapport du groupe de conseil KPMG a montré au début du mois que le flux d’argent frais des clients dans 73 banques privées suisses (à l’exception d’UBS et de Credit Suisse) a ralenti l’année dernière pour atteindre un tiers des volumes observés en 2021.

Mais Michael Kahlich refuse de faire une croix sur la Suisse qui, selon lui, conservera son attrait pour les fortunes étrangères. «Les gestionnaires de fortune suisses continuent de placer la barre très haut en termes de produits proposés, d’expertise en matière d’investissement, et de variété des services offerts», affirme-t-il.

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La richesse mondiale augmente

Selon le BCG, les investissements financiers ont été malmenés l’année dernière en raison des conditions économiques défavorables. Mais d’autres actifs, tels que l’immobilier, ont fait grimper la richesse totale mesurée dans le rapport à 459’000 milliards de dollars.

Le BCG prévoit que la richesse mondiale atteindra 600’000 milliards de dollars d’ici 2027, et que la part de la Suisse s’élèvera à 6100 milliards de dollars. La richesse nette de la Suisse a augmenté de 2,5% pour atteindre 5400 milliards de dollars, ce qui fait de l’État alpin le 14e pays le plus riche du monde si l’on mesure la valeur nette de ses citoyennes et citoyens les plus fortunés.

Parmi ce groupe, on compte 740 super-riches possédant des actifs d’au moins 100 millions de dollars, qui détiennent un cinquième de la richesse financière du pays. Les 580’000 millionnaires suisses forment un groupe plus important que les 520’000 millionnaires résidant en Allemagne.

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