«Dans une majorité de cas, le divorce fait deux pauvres»
En Suisse, une famille monoparentale sur six se trouve dans une situation de précarité. La paupérisation touche aussi les ménages monoparentaux de la classe moyenne, ce qui n'était pas le cas il y a quelques années encore.
Les derniers chiffres de l’Office fédéral de la statistique parus la semaine passée ont révélé une augmentation de la pauvreté, qui touche désormais plus de 600’000 personnes en Suisse.
Les familles monoparentales, qui se composent d’un parent seul avec un ou plusieurs enfants à charge, sont -avec les seniors isolés- la catégorie de population la plus exposée au risque de pauvreté. Sur les 200’000 familles de ce type que compte la Suisse, une sur six se trouve en situation de précarité.
Alors que, dans l’ensemble de la population, le taux de pauvreté se situe aux alentours de 7% après transferts sociaux, il est presque doublé pour les ménages monoparentaux, à 13%.
Fait nouveau, «la paupérisation des familles monoparentales touche aussi les classes moyennes, ce qui n’était pas le cas avant 2012», pointe Isabelle Descombes, qui dirige l’Association des Familles Monoparentales (AFM)Lien externe à Genève.
«On constate aussi une paupérisation intellectuelle des enfants: quand vous n’avez plus d’argent, c’est difficile de faire des études, des cours de musique, de théâtre ou de sport»
Isabelle Descombes
De plus en plus difficile de vivre avec un seul salaire
L’explosion des loyers et des primes d’assurance-maladie, notamment dans les grandes villes, contribue à expliquer l’évolution préoccupante de ces dernières années.
Les parents seuls de la classe moyenne, trop riches pour percevoir des aides mais pas assez pour s’en sortir seuls, s’ajoutent désormais aux familles défavorisées ou à bas revenu.
La généralisation de la garde partagée, qui exige deux grands logements, ne simplifie pas les questions financières.
Risque de «paupérisation intellectuelle»
«Dans une majorité de cas, le divorce fait deux pauvres», affirme la directrice de l’AFM. Cette dernière juge nécessaire de tirer la sonnette d’alarme, estimant que les familles monoparentales, dont le nombre a déjà doublé depuis 1970, continueront à s’étendre.
Isabelle Descombes souligne que la précarité n’est pas seulement financière. «On constate aussi une paupérisation intellectuelle des enfants: quand vous n’avez plus d’argent, c’est difficile de faire des études, des cours de musique, de théâtre ou de sport.»
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