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Une grande femme d’affaires se retire

La charismatique Heliane Canepa en mai dernier au Forum de Thoune. Keystone

Heliane Canepa, l'une des seules grandes patronnes de l'économie suisse, se retire. A fin août, elle aura quitté la direction du fabricant d'implants dentaires Nobel Biocare.

Durant les six ans qu’elle a passés à la tête de l’entreprise, celle-ci a vu son chiffre d’affaires plus que doubler et sa valeur boursière multipliée par six. Lundi matin, la corbeille a d’ailleurs fortement réagi à l’annonce de ce départ.

Dès le 1er septembre, la directrice sera remplacée par Domenico Scala, membre du conseil d’administration et ancien chef des finances du groupe agrochimique bâlois Syngenta.

Ce changement s’inscrit dans le cadre du processus prévu de succession à la direction, indique lundi Rolf Soiron, président du conseil d’administration de Nobel Biocare.

D’intenses discussions ont lieu depuis plus d’une année avec Heliane Canepa, des discussions dont le président confirme «qu’elles n’ont pas toujours été faciles».

Des rumeurs de marché persistantes depuis vendredi ont conduit le conseil à informer du départ de la directrice générale plus tôt que prévu. La nouvelle aurait dû être annoncée lors de la présentation des résultats semestriels le 9 août.

Six années de croissance

Heliane Canepa, 59 ans, passe le témoin après six années à la tête de l’entreprise. Sous son règne, Nobel Biocare a plus que doublé son chiffre d’affaires à près d’un milliard d’euros et presque sextuplé sa valeur boursière. Sa marge opérationnelle est passée de 13% à 34% et 900 emplois ont été créés.

Si l’entreprise maintient cette cadence, elle sera dans quatre ans deux fois plus importante qu’aujourd’hui, estime Rolf Soiron. La PME est entré dans la cour des grands groupes.

En nommant un nouveau directeur de 42 ans, le conseil d’administration veut la doter d’une personne connaissant la complexité du marché et appartenant à la nouvelle génération.

Domenico Scala a quitté en juillet la direction des finances de Syngenta où il officiait depuis 2003. Il avait déjà annoncé à l’époque qu’il avait été nommé à la tête d’une grande entreprise.

Auparavant, il avait travaillé 9 ans chez Roche. Il siège au conseil d’administration de Nobel Biocare depuis un an. La direction du groupe le connaît et il connaît bien celle-ci, explique Rolf Soiron. Selon lui, le nouveau patron est doté d’une forte personnalité et d’une solide expérience internationale.

«Un bijou»

«Je remets à mon successeur un bijou», commente de son côté Heliane Canepa. L’industrie dentaire se trouve encore au début d’une grande aventure.

L’Autrichienne, élue entrepreneuse de l’année en 1999 est actuellement la seule femme à la tête d’une société du SMI, l’indice des valeurs vedette de la Bourse suisse.

Les résultats du premier semestre seront publiés le 9 août. La croissance du chiffre d’affaires devrait être supérieure à l’évolution du marché, estime Rolf Soiron.

Regrets du marché

Malgré cela, les explications du président du conseil d’administration n’ont pas convaincu les analystes.

Lundi, l’action de Nobel Biocare se trouvait parmi les moins bien cotées du SMI à l’ouverture de la Bourse suisse. En début d’après-midi, elle était encore en recul reculait de 3,09% à 353,25 francs. La semaine passée, le titre avait déjà perdu 8,6%.

Heliane Canepa était appréciée des investisseurs, alors que le nouveau patron n’a pas d’expérience de la branche des techniques médicales, ont relevé des analystes. Certains se demandent pourquoi le marché n’a pas été préparé à ce soudain changement, alors que Nobel Biocare dit qu’il était prévu de longue date.

swissinfo et les agences

Le leader mondial des implants dentaires est une entreprise helvético-suédoise, dirigée depuis Zurich et Göteborg, avec siège social à Zurich.

Ses quatre sites de production sont répartis entre la Suède et les Etats-Unis. L’entreprise y emploie en tout près de 1650 personnes.

En 2006, Nobel Biocare a réalisé un chiffre d’affaires de 600 millions d’euros, en hausse de 24% par rapport à 2005, et un bénéfice net de 158 millions d’euros (+2,2%)

Née en 1948 à Dornbirn (Autriche), elle reçoit en 1995 le Prix Veuve Cliquot de la femme d’affaires suisse. Elle est alors directrice du fabricant de matériel médical Schneider (Europe), à Bülach, dans le canton de Zurich.

Quatre ans plus tard, son entreprise est rachetée par l’Américain Boston Scientific et elle se bat personnellement pour que chacun de ses 550 collaborateurs retrouve un emploi.

En 1999, elle est nommée ‘entreprenuse de l’année’ par le magazine économique ‘Handelszeitung’.

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