
Un gymnase pour deux cantons

Les cours ont commencé dans le nouveau Gymnase intercantonal de la Broye. Doté de technologies de pointe, il accueille des centaines d'étudiants.
Cette rentrée constitue une première en Suisse. Les élèves de deux cantons partagent en effet les mêmes bancs.
Au total, 308 étudiants ont investi les locaux du nouveau Gymnase intercantonal de la Broye (GYB) à Payerne. Parmi eux, 190 vont suivre la filière de la maturité et 118 l’école de culture générale et de commerce. Répartis en 13 classes, ils sont suivis par 35 professeurs.
Mais ce n’est qu’un début. A terme, le gymnase, dont la construction a coûté quelque 70 millions de francs, recevra environ 800 jeunes dans une quarantaine de classes.
«Le bâtiment a été d’emblée prévu pour 800 élèves et il est prêt pour être utilisé à pleine capacité. En termes de personnel, par contre, pour des raisons évidentes de budget, de coût et d’efficacité, les équipes vont croître au fur et à mesure du nombre d’élèves. Pour le moment le personnel n’est qu’au tiers de sa capacité», indique à swissinfo Thierry Maire, directeur de l’établissement.
L’éducation dépend des cantons
Il n’existe pas en Suisse une Education nationale, comme c’est par exemple le cas en France. L’éducation au niveau primaire, secondaire et gymnasial dépend en fait de chaque canton.
Par conséquent, le système varie d’un canton à l’autre. Les horaires, la durée des études, les périodes de vacances et même les programmes et le matériel scolaire ne sont pas les mêmes.
Les élèves ne pouvaient jusqu’à présent pas fréquenter l’établissement d’un autre canton. Les jeunes de la Broye – région romande qui s’étale sur les cantons de Vaud et de Fribourg – devaient ainsi se rendre respectivement à Yverdon-les-Bains ou à Fribourg pour y poursuivre leurs études.
Né d’une impulsion donnée voici 14 ans par la Communauté régionale de la Broye, le gymnase a été conçu pour répondre aux besoins d’un bassin de population de 50’000 personnes. L’établissement, le 10e pour Vaud et le 5e pour Fribourg, permettra d’alléger les effectifs des autres gymnases, qui frôlent la saturation.
Cette solution est d’ailleurs plus pratique pour les étudiants. «Les élèves qui sont près d’une ligne de train sont au plus à un quart d’heure de Payerne, alors qu’il fallait auparavant entre 35 et 45 minutes de trajet», note le directeur.
Deux systèmes et deux mentalités
Le principal défi de ce projet a été de réunir sous un même toit deux systèmes scolaires et deux mentalités différentes, souligne Thierry Maire. Les fondements du 27e canton, comme il est parfois appelé, ont été approuvés par des gouvernements des deux cantons dans une convention intercantonale fin 2002.
«Pour tout ce qui est arithmétique, nous avons fait une moyenne», explique le directeur. Ainsi le nombre de jours de cours au GYB est de 183 (VD: 186/FR: 180) et la durée de travail est de 41h45 (VD: 41h30/FR: 42h00).
Dans la délicate question des salaires, la Convention a aussi coupé la poire en deux. Les enseignants vaudois du GYB ont dû faire des concessions: leur rémunération est moins élevée que s’ils travaillaient dans un gymnase vaudois, du moins en début de carrière.
Parfois nous avons dû choisir entre la solution de l’un ou l’autre canton, souligne M. Maire. Ainsi, les dates des vacances scolaires seront fribourgeoises les années impaires et vaudoises les paires. «Cela permettra aux élèves d’être au moins une fois en phase avec leur famille durant leur cursus».
Il a également fallu innover, notamment en ce qui concerne le plan d’études, car les Vaudois atteignent la maturité en douze ans et les Fribourgeois en treize ans. Au GYB, la durée des études sera donc de trois ans pour les premiers et de quatre ans pour les seconds, a expliqué le directeur.
Les étudiants vaudois commenceront directement en deuxième année. Cette année, les classes de maturité ne seront donc pas encore complètement mixtes. Le programme a été mis sur pied par les enseignants du GYB qui ont examiné en amont les programmes scolaires des deux cantons.
Un trait d’union
Le gymnase broyard a pu être réalisé dans un laps de temps relativement court grâce à la volonté politique des deux cantons, unanimes à soutenir ce trait d’union broyard. Il n’a pas rencontré d’oppositions, ni de recours. Le GYB a en outre été plébiscité par la population en 2003: Fribourgeois et Vaudois ont accepté le crédit d’ouvrage par 76% des voix.
Pour Isabelle Chassot et Anne-Catherine Lyon, directrices fribourgeoise et vaudoise de l’instruction publique, le GYB n’est pas l’addition d’un gymnase vaudois et d’un collège fribourgeois. Il s’agit bel et bien d’un établissement unique, doté d’une âme et d’une identité propre.
Cette fonction de trait d’union pourrait peut-être donner des idées à d’autres cantons. Mais pour Thierry Maire, le rôle premier de son gymnase n’est pas de constituer un modèle pour la Suisse.
«L’essentiel était de répondre à un mandat précis des deux cantons pour s’adapter à la situation particulière de la Broye, une particularité due au grand morcellement de la région et à l’éloignement par rapport aux différents gymnases. Si cette réalisation devait faire école, tant mieux! Mais ce n’était pas le but premier», déclare à swissinfo Thierry Maire.
swissinfo, Olivier Pauchard avec les agences
Le Gymnase intercantonal de la Broye a ouvert ses portes le 29 août.
Il accueille 308 élèves répartis en 13 classes.
La construction de l’établissement a duré deux ans et a coûté 70 millions de francs.
Vaudois et Fribourgeois ont accepté le crédit de construction en 2003 par plus de trois quarts des voix.
– Comme il vient d’être construit, le GYB bénéficie des dernières innovations technologiques.
– Dans les salles, le tableau noir a été remplacé par un écran tactile.
– Le parc informatique est particulièrement bien fourni avec un ordinateur pour 10 élèves.
– A la cantine, l’argent liquide est remplacé par une carte à prépaiement. Outre le fait d’être en phase avec les moyens de payement modernes, ce système offre l’avantage d’éviter le racket.

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