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Fièvre aphteuse: la Suisse ferme ses frontières

L'interdiction décrétée à Berne ne s'applique pas aux importations de viande, déjà strictement contrôlées. Keystone

Cinq nouveaux foyers de fièvre aphteuse confirmés au Royaume-Uni, deux premiers foyers détectés en France, trois cas suspects en Italie, la situation s'est tendue ce mardi. L'Allemagne et la Suisse sont pour l'instant épargnées. Mais Berne bloque les importations d'animaux européens. Pour les paysans, ce n'est pas assez.

La Suisse ne panique pas. Mais, elle est inquiète. Il y a de quoi: la fièvre aphteuse est une infection virale très contagieuse – elle se transmet par voie aérienne… – à diffusion rapide qui affecte les ruminants (bovins, caprins, ovins) ainsi que les porcs et les sangliers, mais sans danger pour les humains.

Face au danger qui se rapproche inexorablement, la Suisse – indemne depuis 1980 – est «en état d’alerte renforcée depuis le 26 février» selon Heinz Müller, porte-parole de l’Office vétérinaire fédéral (OVF).

En effet, dès l’apparition de l’épizootie en Grande-Bretagne, les importations de produits d’origine animale ont été gelées. Du reste, les derniers achats d’animaux britanniques remontent à juillet 2000 et les animaux en provenance des autres pays européens sont examinés systématiquement depuis six mois. A noter qu’aucun animal à onglon n’a été importé de France cette année.

En outre, les voyageurs en provenance d’Angleterre ont été appelés à éviter de ramener tout produit carné ou laitier et à éviter les fermes helvétiques pendant une semaine au moins après leur retour en Suisse.

Mais la tension est montée d’un cran supplémentaire avec la confirmation de deux foyers de fièvre aphteuse en France, et donc sur le continent européen. Réunie mardi à Berne, la Conférence des vétérinaires cantonaux (initialement pour plancher sur la vache folle…) a aussitôt décidé le blocus de l’importation et le transit d’animaux européens. Mais pas des viandes, ni des produits laitiers, soumis à un strict contrôle sanitaire.

Mais, submergée d’appels de ses membres, l’Union suisse des paysans (USP) estime que «c’est bien, mais pas suffisant», selon les termes de Heiri Bucher. «Nous ne paniquons pas mais réclamons une interdiction supplémentaire d’importer toute denrée alimentaire à risque (viandes et produits laitiers) ainsi qu’un strict contrôle aux frontières du tourisme d’achat, qui nous semble très dangereux puisqu’il n’est soumis à aucun contrôle.»

De son côté, l’OVF a fait placarder des affiches d’information aux postes-frontières, mais renoncé à faire installer des tapis de désinfection aux douanes.

En Suisse même, l’organisation faîtière des associations paysannes réclame en outre l’interdiction des foires et expositions ainsi que la limitation du trafic d’animaux et des visites dans les exploitations. Réponse des vétérinaires cantonaux: «Qu’à cela ne tienne, les éleveurs sont libres de le faire, mais cette décision ne relève pas de l’Etat, car elle toucherait à la liberté du commerce.»

Enfin, les agriculteurs demandent aux autorités d’«examiner la stratégie de non-vaccination pratiquée par la Suisse comme par l’Union européenne». Mais rien de plus pour l’instant.

Car, sur ce point, l’OVF et l’USP sont d’accord pour reconnaître que la vaccination présente des désavantages, sans compter que la protection offerte est insuffisante – c’est pourquoi la Grande-Bretagne elle-même n’a pas décidé de vacciner les animaux.

En effet, vacciner le bétail signifierait rayer la Suisse de la liste des «pays indemnes» de la maladie et donc fermer la porte aux exportations animales. Et quand on sait que l’exportation des produits laitiers rapporte à elle seule quelque 500 millions de francs par an, on ne s’étonnera pas que les paysans prennent le temps de la réflexion.

Isabelle Eichenberger

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