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Grève chez Swiss ou «les fantômes du passé»

La presse helvétique a accordé une large place au traitement de la grève. swissinfo.ch

Au lendemain de la journée de grève des ex-pilotes de Crossair, la situation est en voie de normalisation chez Swiss. La presse helvétique ne montre que peu de compréhension pour ce débrayage.

Pour la plupart des commentateurs, tout le monde serait perdant. Propriété de la compagnie allemande Lufthansa, Swiss a dû encore annuler 14 vols mercredi.

«Hört das Swiss-Theater nie auf?» (Le cirque autour de Swiss ne finira-t-il donc jamais?) s’interroge le Blick pour résumer toute l’affaire. Un nouvel épisode dans la saga de Swiss que le quotidien populaire suisse alémanique qualifie de «grounding à Kloten».

La Neue Zürcher Zeitung se montre très sévère avec les pilotes grévistes, qu’elle accuse d’avoir «dupé» plus de 8000 passagers avec leur action «irréfléchie». Un tel mouvement chez Alitalia ou Air France aurait été annoncé à l’avance pour nuire le moins possible aux passagers, ajoute le journal des bords de la Limmat.

Des liens avec le grounding

Même si la grève de mardi n’est en rien comparable avec le grounding de Swissair en 2001, le Tages Anzeiger fait ressurgir le passé: «cinq ans après, les fantômes du passé sont de retour. Et, une nouvelle fois, la compagnie aérienne suisse se retrouve en partie clouée au sol».

Cette fois bien sûr, pas en raison d’erreurs stratégiques du management, mais comme conséquence «d’un conflit social devenu incontrôlable».

Pour la Basler Zeitung, le parallèle entre les deux événements existe bel et bien, car Swiss a été créée à partir de rien et dans l’urgence.

«Dès le départ, peut-on lire, la nouvelle compagnie était candidate à une restructuration. Certaines erreurs de naissance ont pu être réparées mais la question des salaires illustre de graves errements.»

Les salaires de la discorde

De l’autre côté de la Sarine, la presse romande revient sur l’événement en l’illustrant avec de petits tableaux comparatifs montrant les nettes différences de traitements entre les pilotes pour un travail similaire.

«Les ex-pilotes de Crossair paralysent Swiss», titre Le Temps qui se demande tout de même si le choix de la grève par les anciens collaborateurs de la compagnie régionale Crossair était le bon moyen pour devenir crédible.

«Alors aujourd’hui, plutôt que de paralyser leur compagnie, les grévistes auraient mieux fait de poursuivre les discussions pour regagner la confiance de la direction», écrit le commentateur du quotidien romand.

Pour la liberté de Fribourg «il est vrai que Swiss n’est plus que l’ombre de la fière Swissair et que ses employés, du moins ceux d’entre eux qui n’ont pas la chance de figurer dans le graal du propriétaire Lufthansa, auraient tort de ne pas se battre pour exiger une amélioration de leurs conditions de travail.»

Des passagers excédés

Le Matin choisit quant à lui de faire vivre l’événement aux lecteurs à travers les témoignages de passagers soit excédés, soit plutôt compréhensifs.

«Je ne le crois pas: une grève pareille, je peux l’imaginer partout ailleurs, mais pas en Suisse», s’exclame ainsi un jeune homme d’affaires américain.

Le quotidien populaire donne également la parole au directeur des opérations de Swiss. Marcel Brennwald affirme que la grève ne devrait pas peser lourd sur les résultats de la compagnie, mais qu’elle est désastreuse en terme d’image.

«Avec leur action à court terme, surenchérit le Bund de Berne, les pilotes régionaux nuisent à la marque Swiss et écornent la compagnie.»

Le quotidien vaudois 24 Heures enfin évoque ce qu’il considère comme un «grounding social» et relate les raisons des pilotes, grévistes d’un jour, de céder à l’amertume.

Des pilotes qui selon la Regione Ticino «se plaignent depuis longtemps de leur situation précaire et qui ont le sentiment d’être la cinquième roue du char Swiss».

swissinfo, Mathias Froidevaux

Mardi, 128 vols européens ont été annulés par Swiss. Mercredi, la compagnie aérienne a encore dû renoncer à 14 nouveaux vols.
8271 passagers ont été touchés par le débrayage de mardi. La plupart d’entre eux ont été replacés sur des vols d’autres compagnies ou transporté en train ou en bus. 129 personnes ont été logées dans des hôtels.
La grève a affecté 24 appareils Jumbolinos pilotés par des pilotes de l’ancienne Crossair.

Août 2005: six mois après son rachat par l’allemande Lufthansa, Swiss redimensionne sa flotte régionale (celle de l’ancienne compagnie Crossair).

Octobre 2005: Swiss externalise sa flotte régionale et crée Swiss European.

Décembre 2005: Swiss et les pilotes de la compagnie régionale se ouvrient des négociations sur une nouvelle convention collective de travail.

Mars 2006: les pilotes approuvent l’accord négocié entre Swiss et le syndicat Swiss Pilots qui revoit les salaires à la baisse.

Début mai: le syndicat dénonce une manipulation lors du scrutin mais Swiss refuse d’en organiser un nouveau.

Sans convention collective, les pilotes disposent depuis avril de contrats individuels, avec de moins bonnes conditions que celles des autres pilotes de long courriers de l’ex-Swissair.

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