Protestations contre la réouverture du Mont-Blanc

Manifestations côté français pour la réouverture du tunnel du mont-Blanc aux plus de 19 tonnes. Genève fait la grimace et se solidarise.
Les premiers camions provenant d’Italie ont traversé mardi le tunnel du Mont-Blanc, rouvert à tous les poids lourds depuis minuit.
En début de matinée, aucun camion n’avait toutefois traversé le tunnel depuis la France. L’accès, côté français est «impossible à tous les véhicules» en raison de la manifestation.
Les écologistes – qui avaient allumé des feux de protestation durant la nuit – ont en effet organisé dans la matinée à une grande manifestation. 5000 à 6000 personnes bloquaient l’accès au tunnel.
Une centaine d’agents mobiles ont empêché les manifestants de s’approcher de l’entrée du tunnel.
Les protestataires – qui s’étaient installés au pied de la rampe d’accès – scandent des slogans et brandissaient de banderoles hostiles au retour des camions dans la vallée.
Militants de l’Association transport et environnement(ATE) est écologistes, une septantaine de Suisses ont fait mardi le voyage de Chamonix.
A noter la présence sur place du conseiller administratif de la Ville de Genève Alain Vaissade et celle du co-président des Verts suisses Patrice Mugny. Qui ont tenu à manifester leur solidarité avec les habitants de Chamonix
Genève ignorée
Trois ans et trois mois après le drame qui avait causé la mort de 39 personnes, le tunnel du Mont-Blanc a donc officiellement été rouvert dès lundi minuit à tous les camions de transport international (TIR), à l’exception des transports dangereux, des camions les plus polluants et des très gros gabarits.
Le 13 mai dernier, les 12 kilomètres du tunnel assurant la liaison entre la France et l’Italie avaient déjà été remis en service. Mais uniquement pour la circulation alternée des moins de 19 tonnes.
Aujourd’hui, c’est la fin – et l’échec – de la vaste mobilisation qui avait soudé organisations écologistes et riverains après la fermeture du tunnel en 1999.
De même, la Ville de Genève avait demandé un moratoire du trafic des poids lourds sous le Mont-Blanc. Le maire de la cité de Calvin avait rappelé que 40% des utilisateurs du tunnel proviennent de la région genevoise.
Il n’a visiblement pas été entendu. Il est vrai aussi qu’il n’a pas obtenu l’appui du ministre suisse des Transports. Moritz Leuenberger avait répondu qu’il lui était difficile d’intervenir dans un dossier traité par des pays tiers.
Une décision sans appel
C’est ainsi que de nombreux habitants de la vallée de Chamonix ont réagi avec colère à la confirmation de la réouverture du tunnel lundi par le ministre français des Transports. Lors d’une conférence de presse, Gilles de Robien les a appelés à la «solidarité».
Il a estimé qu’il fallait «soulager un petit peu» les riverains du tunnel du Fréjus, qui subissent la totalité du trafic entre la France et l’Italie depuis plus de deux ans.
M. de Robien a en outre argumenté que la réouverture du tunnel à tous les poids lourds est «la conséquence d’un accord international entre l’Italie et la France». Accord signé le 5 avril dernier par les ministres français et italiens des Transports à propos de tous les camions TIR.
Comme prévu, et comme le 29 mars dernier, les écologistes sont au rendez-vous. Ils ont avaient annoncé des actions de «brigades d’intervention rapide». En outre, Chamonix a été déclaré «ville morte» et la plupart des commerces sont fermés mardi.
Les élus de la région estiment qu’en été, le seul trafic touristique peut atteindre 16 000 à 26 000 voitures par jour dans la vallée de Chamonix. On redoute donc l’arrivée des vacances.
Limiter les risques
Afin de limiter les risques d’accident, les camions circuleront en alternance toutes les deux heures, soit dans un sens, soit dans l’autre. Leur vitesse devra être comprise entre 50 et 70 km/h et ils devront respecter une distance minimale de 150 mètres.
En outre, avant la rampe d’accès au tunnel côté français, une route de 2×2 voies a été transformée sur une dizaine de kilomètres en chaussée bidirectionnelle, en raison de travaux qui devraient durer au moins trois ans.
Passé ce délai, et une fois rouverte la rampe à 2×2 voies, les véhicules passeront sous un portail thermographique installé sur la plate-forme pour détecter toute source de chaleur suspecte.
Pour l’heure, les riverains espèrent que les queues et les longues attentes causées par les travaux et les mesures de sécurité dissuaderont les poids lourds de transiter en masse par la vallée de Chamonix.
Pas d’effet sur le Gothard
La réouverture du Mont-Blanc allégera-t-elle le trafic du tunnel du Gothard entre la Suisse et l’Italie? A Berne, personne ne le pense.
André Bumann, de l’Office fédéral des routes, a récemment déclaré à l’ats que «la fermeture du Mont-Blanc n’avait à l’époque eue aucune incidence sur le trafic du Gothard», toujours difficile en période de vacances.
Selon les experts, le Grand-Saint-Bernard pourrait éventuellement enregistrer un allégement du trafic. C’est ce que l’avenir dira.
swissinfo avec les agences

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